PORT-AU-PRINCE – 30 ans après la chute du régime des Duvalier, les forces du statu quo essaient encore de se maintenir au pouvoir à travers des pans du régime sortant tèt kale, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Malgré son échec patent de 2011 à 2016, Michel Martelly voudrait s’accrocher à la présidence au-delà du dimanche 7 février 2016, date de la fin de son mandat selon la Constitution.

C’est l’incertitude sur ce qui se passera dans la république d’Haïti, le 7 février 2016 et après cette date. Dans le calendrier grégorien, cette date devait initier les festivités carnavalesques de 2016.

Depuis deux semaines, après le report sine die du second tour de la présidentielle et des législatives du 24 janvier 2016, le régime sortant tèt kale mobilise, de manière intéressée (utilisation de l’appareil étatique et autres), des partisans pour tenter de rejeter la mise en place d’un gouvernement de transition, aujourd’hui inévitable.

La non-tenue des élections-mascarade du 24 janvier 2016 aurait surpris les tèt kale, qui ne sont pas parvenus, pendant 5 ans, à organiser des scrutins crédibles. Soutenus par des pans intéressés de la communauté internationale, ils véhiculent désormais « l’urgence » de terminer le processus électoral vicié de 2015.

6 des neuf membres du Conseil électoral provisoire (Cep) décrié, y compris son président Pierre-Louis Opont, ont dû se démettre. Il reste maintenant 3 femmes, « sous les décombres » de cet organisme électoral, comme le qualifie la malice populaire.

Comment les forces du statu quo parviendraient-elles à boucler un processus électoral vicié, sans une évaluation en profondeur de l’ensemble des actions posées, comme les fraudes massives et autres irrégularités qui auraient profité au régime sortant tèt kale ?

Contre tous les principes démocratiques, Martelly déclare avoir lui-même choisi son « poulain », Jovenel Moïse pour le remplacer à la présidence.

Depuis quand Haïti est-elle devenue une boutique ou une propriété privée d’un clan, au détriment du collectif de citoyennes et de citoyens ?

Le « poulain » Jovenel Moïse a construit sa campagne autour de « réalisations » dans une plantation de bananes, que le régime tèt kale lui a offertes par des fonds publics, dont les conditions d’octroi ne sont pas encore éclaircies.

C’est à la faveur des élections controversées des 9 août et 25 octobre 2015 que beaucoup de nouvelles têtes, mal et bien élues, ont investi le sénat et la chambre des députés.

Le Cep de Pierre-Louis Opont a, en un tournemain (moins d’une semaine), publié des « résultats définitifs » de législatives, délivré rapidement des certificats de validation à ces nouvelles têtes, pour favoriser leur entrée au parlement, à la cloche de bois, avant le lundi 11 janvier 2016.

La date du 11 janvier 2016 devait marquer le départ d’une nouvelle législature, la 50 e.

Mais, il n’y a pas eu d’ouverture d’assemblée nationale, contrairement aux prescrits de la Constitution.

Voilà que, maintenant, ces mêmes élus controversés, qui font également partie du problème, de la crise politique issue de l’impasse électorale, voudraient se positionner en facilitateurs d’une solution de gestion politique…, après le départ de Martelly…

Des représentants du secteur privé (formel) des affaires – qui avaient « parrainé » Pierre-Louis Opont au Cep de 2015 – des délégués internationaux – dont l’ambassadrice de France en Haïti Elisabeth Béton Délègue et des missionnaires de l’Organisation des Etats américains (Oea) – ainsi que des émissaires de l’église catholique romaine les ont rencontrés.

La nouvelle « structure parlementaire », installée avant le 11 janvier 2016, se déclare « co-détentrice » de la souveraineté nationale.

Les manœuvres politiques en cours chercheraient à évacuer les revendications des manifestations, qui ont jalonné les 5 dernières années, pour un audit de la gestion du régime tèt kale, soupçonné de népotisme, de dilapidation des fonds publics, de corruption…, et pour un régime respectueux des droits humains fondamentaux, dont l’autodétermination de la nation.

Le replâtrage envisagé ne toucherait pas les directions de différents organes de l’administration publique.

Force est de reconnaître la dispersion des forces de l’opposition qui, à la veille du 7 février 2016, n’a pas encore déterminé de plan consensuel de sortie de crise politique.

En dehors des grandes démonstrations populaires contre les tendances du statu quo, la plupart des forces vives du pays ne se sont pas encore prononcées sur le jeu politique.

Face à la cherté de la vie (décote accélérée de la gourde par rapport au dollar américain, hausse des prix des biens essentiels à la consommation, etc.) à l’aggravation des injustices, à la polarisation, aux clivages institutionnels, quelles dispositions seront prises globalement pour prévenir les chambardements et affrontements possibles ?

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Source/Alter Presse
Photo/Alter Presse
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Michel-Martelly