PORT-AU-PRINCE – En 2004, on comptait officiellement 34 groupes armés en Haïti. En 2019 la « Commission Nationale de Désarmement, de démantèlement et de Réinsertion » (CNDDR) réactivée en mars de la même année avait recensé près de 100 gangs armés au pays. De son côté, le Bureau de Coordination des affaires humanitaires (OCHA-Haïti) dans son 3ème rapport indique qu’actuellement près de 95 gangs armés s’affrontent sur environ 1/3 du territoire de Port-au-Prince.

Un rapport de la « Task Force (*) » de la « Stratégie Nationale pour le Désarmement, le Démantèlement des groupes armés et la Réinsertion des individus désarmés » (SNDDR) remis cette semaine au Premier Ministre Claude Joseph révèle que 162 groupes armés ont été identifiés sur l’ensemble du territoire national dont près de 50% dans la zone métropolitaine. L’ensemble de ces gangs représentent selon le document un potentiel supérieur à 3,000 hommes armés dotés d’armes à feu, en excluant les bases dormantes, peu actives mais potentiellement dangereuses…

Selon le rapport ces groupes ont des motivations diverses « ce qui explique les conflits et les violences entre groupes opposés […] » il affirme que les enjeux politiques et électoraux sont parmi les facteurs déclencheurs précisant que « […] certains partis politiques établissent des réseaux de clientèle avec des groupes armés pour avoir accès ou se maintenir au pouvoir […] »

La SNDDR plaide premièrement pour une approche basée sur le désarmement, le démantèlement et la réinsertion des groupes armés « Ce qui signifie que les groupes ou les individus acceptent, après un processus de négociation et de dialogue communautaire, de remettre toutes les armes et munitions dont ils disposent […] les individus armés qui sont sujets à des poursuites judiciaires devront répondre de leurs actes et ne sont donc pas considérés dans les interventions de la CNDDR. »

La seconde approche vise la réduction de la violence communautaire « Cette nouvelle approche recherche et priorise l’engagement communautaire dans toutes les actions devant conduire à la création d’un climat sûr et stable dans une zone géographique donnée, où il existe une situation de violence armée liée à l’existence des groupes. Cette nouvelle approche permet une flexibilité et une adaptabilité au contexte d’intervention beaucoup plus souple que l’approche classique […] »

(*) Composition de la « Task Force» :
La Primature à travers le Bureau du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Droits humains et de la lutte contre la pauvreté extrême ;
Le Ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE) ;
Le Ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) ;
Le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MlCT ;
Le Ministère de la Défense (MD) ;
Le Ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST) ;
Les Forces Armées d’Haïti (Fad’H) ;
Police Nationale d’Haïti via sa cellule de police communautaire ;
L’Office de la Protection du Citoyen (OPC).

Source/Haïti Libre (HL)
Photo/Archives
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