PORT-AU-PRINCE – Il n’y a aucune raison de s’alarmer et de se ruer sur les banques commerciales pour vider les comptes libellés en dollars. « Les gens pourront toujours avoir leurs comptes en dollars », a assuré le gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois, en conférence de presse vendredi, un jour après la publication de l’arrêté pris en Conseil des ministres stipulant que toutes les transactions commerciales doivent s’effectuer en gourdes, la monnaie haïtienne. « Le décret de 1989 autorise les banques à ouvrir des comptes en dollars pour n’importe quel client », a-t-il poursuivi, soulignant que dans la hiérarchie des normes le décret a primauté sur un arrêté.

Le gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois, a souligné que l’arrêté stipulait que les « transactions commerciales » devraient s’effectuer en gourdes. « Vous pouvez faire un dépôt en dollars sur votre compte. Ce n’est pas une transaction commerciale. C’est quand vous achetez quelque chose que c’est une transaction commerciale », a-t-il poursuivi. Pour les dépôts à terme, d’épargne ou de crédits en dollars, ils restent en l’état. Il n’y a pas de changement. « Si je fais un dépôt à terme, c’est un investissement que je fais. Si c’est un dépôt à terme en dollars, on créditera l’intérêt en dollars », a expliqué Jean Baden Dubois, rappelant avoir clarifié ce point le 1er janvier: il y aura des comptes en dollars dans le système.

Le patron de la banque centrale, dans la foulée, a indiqué que la loi sur les agents de change a dit clairement que toute personne recevant un transfert doit le recevoir dans la monnaie dans laquelle le transfert est fait. « La personne peut choisir dans quelle monnaie elle veut être payée », a poursuivi Jean Baden Dubois. La personne qui reçoit le transfert peut changer en gourdes une partie de son argent pour assurer sa consommation et déposer le reste en dollars s’il le veut, a indiqué le gouverneur de la banque centrale, estimant au passage que de l’ordre va finalement être mis ici où le tenancier de chaque bureau de change est pratiquement agent de change qui fixe ses taux dans l’anarchie totale. L’an passé, les transferts de la diaspora vers Haïti étaient supérieurs à 2 milliards de dollars américains.

Le gouverneur a par ailleurs expliqué que 63 % de l’économie était « dollarisé ». Et la perte de foi dans la monnaie haïtienne s’est accentuée dans le temps, à cause, entre autres, de la mise en place du « taux de change flexible », en remplacement du taux de change fixe. « Depuis que l’on est rentré dans le taux de change flexible, la gourde est devenue une monnaie de second ordre et c’est le dollar qui est utilisé alors que la majorité des Haïtiens reçoivent leurs salaires en gourdes. Il est fondamental de remettre toutes les pendules à l’heure », a estimé Jean Baden Dubois, affirmant qu’il est indispensable de passer en mode production.

La dépréciation ou la dévaluation était supposée être bonne pour le pays dans la mesure où l’on produit. C’est pour cela, qu’à chacune de nos interventions au niveau de la BRH, nous expliquons clairement que la stabilité est fonction de production. C’est pour cette raison que nous insistons sur la nécessité de remettre sur les rails les infrastructures de production pour que l’on investisse beaucoup plus dans les activités de production au lieu de mettre tout notre argent dans le commerce et l’importation. Il faut de la production pour pouvoir exporter et générer des rentrées de devises. Cela permettra au pays d’avancer, a longuement expliqué le gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois, à cette conférence de presse conjointe à la Primature avec le chef du gouvernement, Jack Guy Lafontant, et les ministres de l’Économie et de Finances et du Commerce et de l’Industrie.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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