PORT-AU-PRINCE – Dès l’inscription, les postulants doivent se comporter comme des militaires. Sous un soleil de plomb dans la grande cour de la base militaire à Gressier, des centaines de jeunes, en grande partie des hommes venus d’un peu partout à travers le pays, sont en rang. Les soldats surveillants ne lésinent pas sur les règles et les principes. Les postulants récalcitrants sont punis automatiquement. On les force à faire des pompes. Cela peut prendre deux à trois heures debout avant d’accès à la salle où se font les inscriptions.
Dans la foulée, un ancien sergent des ex-Forces armées d’Haïti tente de brûler les étapes pour permettre à son fils d’avoir accès directement à cette salle sans faire la queue. Il présente aux soldats une sorte de papier pour prouver qu’il a été dans l’armée. « Mon sergent, on a beaucoup de respect pour vous, mais votre fils doit rester dans la ligne comme tous les autres », la position des soldats surveillants est sans appel.
Les très peu de jeunes filles intéressées à intégrer le nouveau corps militaire ont un traitement de faveur. De la discrimination positive, dit-on. Elles ne sont pas obligées à faire la queue sous le soleil. Elles sont directement conduites à la salle d’inscription.
Régine, 23 ans, vit à l’ONA-Ville. En s’inscrivant dans l’armée, elle espère aider son pays. Mais aussi trouver un emploi. C’est le même discours pour tous les postulants. « « Je veux m’engager dans l’armée pour servir mon pays… »
Pour la première journée, il y en a qui ont passé la nuit devant la base militaire. Pour une raison ou pour une autre, ils n’auront pas tous la possibilité de se faire inscrire. Jocelyn est né en avril 1992, il a 27 ans aujourd’hui. Avec deux ans de plus que l’âge exigé, il n’est donc pas qualifié pour intégrer la nouvelle armée. Il implore le soldat de garde de le laisser passer. Pour lui, deux ans de différence ce n’est pas aussi grave. « Je veux juste servir mon pays, je viens des Gonaïves pour me faire inscrire », supplie-t-il. Le militaire ne se laisse pas influencer. « J’ai reçu des ordres ! Vous ne pouvez pas entrer ».
Pour Sylvie, tout est correct. À 22 ans, elle remplit presque tous les critères et a en sa possession presque toutes les pièces exigées, sauf la Carte d’identification nationale (CIN). « J’ai la déclaration de l’ONI qui certifie que j’avais fait la carte, mais on n’a pas voulu accepter mon inscription », regrette-t-elle l’air désolé.
Pour la première journée, déjà 173 postulants se sont fait inscrire, selon le commandant de la base de Gressier, le capitaine Louicin Dieudonné. Dans la première étape, les employés civils et militaires vérifient les pièces des postulants. Si elles sont conformes, on leur fait remplir un formulaire de renseignement. Ensuite, les données sont saisies dans les ordinateurs, puis on les envoie à l’infirmerie pour les tests médicaux préliminaires.
Les médecins et ex-colonels Jacques Joseph Philogène et Adolph Azulfard et quatre autres médecins civils appuyés par 16 infirmières font un premier test médical pour les aspirants militaires. À cette phase on ne fait que vérifier les signes vitaux, le poids, la hauteur, la tension artérielle et on vérifie s’il n’y a pas d’anomalie sur le corps.
Il n’y a aucune limitation sur le nombre d’inscriptions. Cependant au final, seulement 500 postulants seront retenus pour les entraînements et les autres étapes. Le processus de recrutement s’étend sur cinq jours du 17 au 21 juillet.
150 militaires, dont 135 du corps du génie formés en Équateur, occupent déjà la base de Gressier. Le capitaine Louicin Dieudonné est leur commandant. Ce dernier est sous les ordres du ministre de la Défense qui lui-même reçoit ses ordres du Palais national.
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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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