PORT-AU-PRINCE – Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) ainsi que le sénateur Evallière Beauplan dénoncent les récents propos déplacés du président Jovenel Moise sur la corruption en Haïti, lors de sa récente visite officielle en France, le mardi 12 décembre.

Dans un communiqué de presse en date du 14 décembre 2017, le Cspj se dit stupéfié, triste et indigné des propos tenus par le chef de l’Etat.

A Paris, Moïse a affirmé, dans les médias, avoir été contraint, par l’appareil judiciaire, d’approuver le renouvellement d’une cinquantaine de juges soupçonnés de corruption.

Ces propos tenus par le président, garant de la bonne marche des institutions publiques, prouvent qu’il serait mal informé et très mal conseillé, réagit le Cspj.

« Cette déclaration est, une fois de plus, une tentative de mettre en péril l’indépendance du pouvoir judiciaire, de le discréditer et de saper les bases du principe de la séparation des pouvoirs », prôné par des articles de la charte fondamentale de la Nation, critique-t-il.

Ces propos tendraient à créer la confusion dans l’opinion publique, regrette-t-il.

La déclaration de Moïse sous-entend que le pouvoir judiciaire regorge de corrompus. Tous les membres du pouvoir auraient dû démissionner pour protester contre ces paroles, a déclaré, le jeudi 14 décembre, le sénateur Evalière Beauplan, président de la commission spéciale d’enquête sur l’utilisation du fonds PetroCaribe, rapporte le journal le Nouvelliste.

Il exhorte le pouvoir judiciaire à prendre ses responsabilités par rapport à l’attitude de Moise ainsi que le président du Sénat Youri Latortue à convoquer le pouvoir législatif pour qu’il puisse se positionner sur ce dossier.

Pour le chef de l’Etat, le rapport de la commission spéciale chargée d’approfondir l’enquête sur l’utilisation du fonds PetroCaribe constitue un moyen de « persécution politique ».

Moise aurait dû perdre son poste après une telle déclaration sur le document, a déclaré Beauplan soulignant que ces propos participent d’une volonté d’enlever au parlement toutes les prérogatives que lui donne la Constitution.

Un rapport de la Commission éthique et anti-corruption du sénat sur l’utilisation des fonds PetroCaribe a indexé plus d’une quinzaine de personnalités, dont deux anciens premiers ministres, ainsi que des anciens ministres, des anciens directeurs généraux et des responsables de firmes de constructions, supposément impliquées dans le détournement d’une partie d’environ 3 milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 81.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui).

Les sénateurs ont boudé une séance, le jeudi 30 novembre 2017, autour du rapport, après une mise en continuation des discussions, entamées au sénat le mardi 14 novembre 2017, sur ce dossier.

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Source/AlterPresse
Photo/Archives
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