PORT-AU-PRINCE – Acculé par la communauté internationale qui l’accuse de poser des actions contraires à la démocratie et à l’État de droit en Haïti, critiqué par des organisations de défense des droits humains, ignoré par les partis politiques proches du pouvoir… le président de la République peut compter sur l’appui de son mentor Michel Martelly pour continuer à diriger le pays seul par décret et sans contrôle des institutions démocratiques. L’ancien président Tèt kale estime que Jovenel Moïse a du cran en publiant des décrets de grande importance.
« Il a du cran. Il a affronté les vrais problèmes. Il travaille et essaie de créer un pays… » C’est en ces termes que Michel Martelly décrit les agissements du président de la République en difficulté avec la communauté internationale qui estime que la démocratie et l’État de droit sont mis à mal dans le pays avec les multiples décrets publiés par Jovenel Moïse.
Le décret sur le renforcement de la sécurité publique, qui qualifie désormais d’actes de terrorisme un ensemble de délits, permettra de rétablir la paix au pays, indique l’ancien président. « Ce décret va mettre tout le monde dans ses petits souliers. Moun k ap fè politik pral fè politik, men moun k ap ranse pral chache yon lòt bagay pou yo fè », a affirmé l’ancien président Michel Martelly la semaine dernière durant son passage dans la ville de Hinche.
« Le président a publié des décrets de grande importance. Pou nèg ap rantre nan palè jistis pran yon moun sòti avè l pandan y ap jije l paske w gen iminite. Yo pa ka jije yon moun paske l gen 2, 3 moun laprès avè l, sa a pa fè sans. Moun ap kraze wout nan yon peyi, kraze bagay Leta…», fustige Michel Martelly, laissant croire qu’avec le décret sur le renforcement de la sécurité publique ces pratiques ne seront plus possibles.
Comme le président Jovenel Moïse, Michel Martelly estime aussi qu’il y a des gens qui financent l’instabilité dans le pays. Il croit que le décret sur le renforcement de la sécurité publique va les stopper.
Cependant pour le Core Group, les décrets présidentiels créant l’Agence nationale d’intelligence et sur le renforcement de la sécurité publique, « pris dans des domaines qui relèvent de la compétence d’un Parlement, ne semblent pas conformes à certains principes fondamentaux de la démocratie, de l’Etat de droit, et des droits civils et politiques des citoyens… »
« Les États-Unis ne sont pas les seuls à s’inquiéter de l’érosion continue de la démocratie en Haïti, de l’absence d’élections législatives et de la gouvernance par décret », a tweeté Michael G. Kozak, assistant du secrétaire d’État américain pour les affaires de l’hémisphère Ouest, lundi 14 décembre 2020.
S’agissant de la volonté du locataire du Palais national de changer la Constitution, là encore Michel Martelly apporte son soutien à Jovenel Moïse. Il croit qu’il faut ensuite aller aux élections et en finir avec la question de transition.
Le décret qui enlève à la Cour supérieure des comptes son pouvoir de contrôle a priori sur les contrats de l’Etat, c’est aussi une bonne décision de la part de Jovenel Moïse, affirme Michel Martelly. Selon lui, l’opposition politique peut contrôler la Cour supérieure des comptes et empêcher un président élu d’honorer ses promesses de campagne en bloquant des contrats.
Désormais, même si la Cour supérieure des comptes émet un avis défavorable sur la signature d’un contrat, le gouvernement peut l’ignorer et avancer. Dans ce décret publié le vendredi 6 novembre 2020 dans le journal officiel de la République, Le Moniteur, par le pouvoir, l’avis de la Cour des comptes « ne lie ni la Commission nationale des marchés publics, ni les autorités du pouvoir exécutif, ni les ordonnateurs. » En outre, la CSCCA dispose d’entre 3 et 5 jours pour donner son avis…
Par ailleurs, pour Michel Martelly, la circulaire de la banque centrale qui vise à contrôler la devise américaine qui transite dans les bureaux de transferts est une bonne décision économique du gouvernement.
Le leader des Tèt kale soutient aussi Jovenel Moïse dans son projet d’électrifier le pays 24 heures sur 24. « On ne peut pas parler de développement sans énergie, on ne peut pas parler de développement sans la stabilité », rappelle l’ancien président Michel Martelly.
Source/Le Nouvelliste
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