PORT-AU-PRINCE – Les Nations unies continuent de réduire la voilure en Haïti et envisagent un retrait total des Casques bleus “dans un avenir proche”, a déclaré jeudi à Port-au-Prince le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.

“La composante militaire de la Minustah devrait selon toute vraisemblance s’effacer dans un avenir relativement proche”, a indiqué Hervé Ladsous lors d’une conférence de presse. Mais “si les tâches militaires vont s’effacer, car elles ne s’imposent plus dans le contexte sécuritaire qu’est celui d’Haïti, il y a en revanche beaucoup de travail à faire encore sur la police, sur l’Etat de droit, en n’oubliant pas les droits de l’homme, le statut de la femme”, a-t-il ajouté.

La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) est déployée depuis le départ précipité du pouvoir du président Jean-Bertrand Aristide en 2004. Le plan de retrait des forces onusiennes avait été suspendu après le séisme de 2010 (plus de 220.000 morts, dont 102 employés onusiens).

Reconfiguration
La Minustah avait même renforcé ses effectifs jusqu’à compter plus de 12.000 militaires et policiers. Depuis le renouvellement de son mandat en octobre, elle est composée de 2.370 militaires, 2.600 policiers et plus de 1.200 civils. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit décider en avril de son devenir, “une reconfiguration qui se traduira peut-être formellement par un nouvel intitulé”, a indiqué jeudi M. Ladsous.

Si les Nations unies se félicitent de la contribution de la Minustah à la réduction de l’insécurité grâce à la formation de la police nationale, la population haïtienne est très loin d’en avoir une opinion favorable. En effet, des membres de la mission ont commis des viols et des abus sexuels, notamment sur des mineurs.

Ressentiment
Et le ressentiment s’est exacerbé au fil des rapports scientifiques qui ont conclu que le choléra avait été introduit en Haïti par des Casques bleus népalais. Depuis octobre 2010, l’épidémie a fait près de 10.000 morts et, avec toujours plus de 500 cas chaque semaine, le pays fait face à la pire épidémie de l’histoire récente à l’échelle mondiale.

Le secrétaire général Ban Ki-Moon avait, avant la fin de son mandat le 31 décembre dernier, présenté des excuses au peuple haïtien. Tout en maintenant que l’organisation internationale n’avait pas de responsabilité juridique dans cette affaire, il avait évoqué une “responsabilité morale d’agir” et présenté un plan d’aide aux familles de victimes.

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Source/France Info
Photo/Archives
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