PORT-AU-PRINCE – C’est un Michel Martelly calme et posé qui a fait ces déclarations le jeudi 1er février 2018, à l’émission Mise au point, animée par Serginho Lindor sur la Télévision nationale d’Haïti et qui est aussi disponible sur le Net. Depuis qu’il a été mis hors jeu aux carnavals des Gonaïves et de Jacmel, le chanteur du groupe de Sweet Micky et ex-président de la République a entrepris une tournée dans les médias de la capitale pour dénoncer le caractère « politique » de ces décisions.
Questionné sur le dossier PetroCaribe, Michel Joseph Martelly n’a pas tourné autour du pot ni n’a prononcé d’insanités. Il s’est dit favorable à ce que tous ceux qui ont géré l’argent rendent des comptes. « Pour ce qui se passe dans le dossier PetroCaribe, je suis sûr qu’il y a des gens qui ont volé, que ce soit au niveau de l’Etat ou au niveau du secteur privé », a-t-il lâché tout de go tout en essayant de dédouaner le secteur privé. « On ne peut pas accuser le secteur privé, quand dans le cadre d’un contrat il vous surcharge. C’est votre affaire si vous acceptez de le payer », a-t-il déclaré. Mais à l’instar de son dauphin Jovenel Moïse, il ne veut pas laisser ce dossier entre les mains des sénateurs.
« Est-ce qu’il y a eu des voleurs ? Oui, il y en a eus. Est-ce qu’il y a eu des gens honnêtes ? Oui il y en a eus. A-t-on déjà identifié les voleurs ? Je ne peux même pas dire que le Parlement puisse faire ce travail », répond Michel Martelly, qui s’est posé lui-même toutes ces questions. L’ancien président, qui, pour la première fois aborde ce dossier sans faire de la blague, rappelle qu’il existe des instances compétentes telles que l’ULCC, l’UCREF et la Cour supérieure des comptes qui doivent intervenir dans ce genre de situation.
« Le Parlement est une assemblée politique », déclare Michel Joseph Martelly, estimant qu’il ne peut pas enquêter sur la gestion des anciens fonctionnaires de l’Etat. Si les parlementaires s’instituent en juge, ce sera tout simplement dans l’idée d’éliminer leurs adversaires politiques, fait-il savoir. Tout ce qui se fait actuellement au Parlement n’est que « tractation », selon lui.
Même s’il reconnaît qu’il y a eu des « dérives », Michel Martelly reproche aux parlementaires de n’avoir pas avancé jusqu’à présent des preuves à l’appui des accusations contre un membre quelconque de son équipe. « Ils n’ont fait qu’indexer des gens », dit-il. En ce qui a trait aux projets non achevés, il invite les parlementaires à aller chercher pourquoi. « Ce n’est pas parce qu’un projet n’est pas terminé qu’il y a un problème. Certains projets ne sont pas finis soit parce que l’argent a disparu, ou a été volé ou encore, c’est peut-être parce que la compagnie a abandonné le chantier », tente d’expliquer Michel Joseph
Martelly, appelant l’Etat à poursuivre les compagnies en question.
Il appelle les sénateurs à fournir les preuves de leurs accusations. Il faut aussi, selon lui, préciser les montants qui ont été décaissés sous René Préval et ceux qui ont été décaissés sous son administration pour ne pas faire d’amalgame ni de parti pris. Mon administration n’a pas engagé plus de 600 millions de dollars de projets, certifie Michel Joseph Martelly, qui se dit favorable à ce que tous ceux qui sont concernés par la gestion de ces fonds sous son administration rendent des comptes.
L’enquête sur la gestion des fonds PetroCaribe a été initiée par le sénateur Youri Latortue qui fut pourtant conseiller de Michel Martelly avant sa réélection en 2015. « La politique reste la politique », lâche l’ex-président avant d’ajouter que le sénateur de l’Artibonite qui était toujours avec lui dans son bureau ne lui avait jamais soumis une liste de gens suspectés de voler l’argent de PetroCaribe. « Vous pouvez dire que quelqu’un est un voleur si vous avez l’habitude de voler avec lui ou si vous le prenez en flagrant délit », a-t-il lancé à l’endroit de Youri Latortue comme une petite pique. Il chambre le parlementaire d’avoir fait profil bas quand il avait commencé à évoquer la gestion de l’ancien bureau du Sénat. « Nan Palman yo pale de kriz lòt jou la epi li toufe », ironise-t-il.
Dix-sept sénateurs du bloc majoritaire ont demandé dans une résolution à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif d’effectuer une vérification, une analyse et un examen approfondis de la gestion des fonds PetroCaribe sur la période allant de septembre 2008 à septembre 2016 ». Plusieurs anciens Premier ministres, ministres et directeurs généraux qui ont servi sous René Préval et sous Michel Martelly sont épinglés dans les deux versions du rapport.
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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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