PORT-AU-PRINCE – Plusieurs entités, dont des associations patronales, des syndicats et d’organisations socio-professionnels ont, à travers une pétition, 26 mars 2022, exprimé leur ras-le bol face à la prise en otage de toute la population par des organisations criminelles, l’inaction, voire la tolérance des autorités qui faillissent à leur obligation première d’assurer la sécurité et communiqué un plan assorti de mesures concrètes au Premier ministre Ariel Henry, seul responsable, avec son cabinet, si, en cas de retard, se produit une révolte populaire, aveugle, balayant tout sur son passage.

« La présente pétition est une initiative citoyenne, non partisane, par laquelle, nous soussignés, représentants de différents secteurs de la société haïtienne, vous signifions une fois de plus le profond désarroi de toutes les couches sociales de la vie nationale par rapport à la dégradation accélérée de la situation sécuritaire en Haïti », peut-on lire dans cette pétition. « Nous protestons énergiquement contre la prise en otage de toute la population par des organisations criminelles, et l’inaction voire la tolérance des autorités qui faillissent à leur obligation première d’assurer la sécurité des citoyens », selon cette pétition, soulignant que « les cas de meurtres, d’enlèvements contre rançon, de viols, de vols à main armée et de pillages organisés ne se comptent plus ». « Les entreprises ferment leurs portes, les familles vivent avec la gorge serrée, chacun attendant dans la terreur à qui le tour », ont mis en avant les signataires avant de se fendre d’un constat concernant la PNH

PNH : manque de moyens adéquats

« La Police Nationale, par manque de visibilité de son action et de soutien de la part des autorités politiques, renvoie l’image d’une Institution affaiblie et à l’effectif insuffisant. Cette situation fait paraître la Police comme complice et infiltrée par les gangs. Quoique déclarant vouloir tout mettre en œuvre pour protéger et servir la population, elle manque de moyens adéquats », peut-on lire dans cette pétition qui évoque l’incapacité des douanes à endiguer la contrebande des armes et des munitions.

Contrebande, un double fléau

« Le service des douanes, premier point d’entrée sur le territoire se montre incapable d’endiguer ce fléau qu’est la contrebande des armes et munitions et laisse passer d’autres marchandises sans les vérifications et taxations nécessaires au financement des dépenses publiques. Cette situation cause un profond déficit pour les caisses de l’État et contribue à alimenter les gangs à travers le pays ».

Des commandes d’équipements dorment dans les tiroirs

« Alors que l’état d’urgence, la mobilisation des ressources publiques pour lutter contre le grand banditisme, et des mesures d’austérité auraient dû être en vigueur, comme le veulent les normes de bonne gouvernance et de transparence, des commandes d’équipements nécessaires aux Forces de l’Ordre, dorment dans les tiroirs des Ministères concernés. Ces derniers, poursuit cette pétition, déclarent ne pas avoir les moyens d’en faire l’acquisition et préfèrent quémander de l’aide aux organismes internationaux et ambassades des pays amis ».

« Pourtant, a indiqué cette pétition, des dépenses inutiles sont engagées saignant davantage les maigres ressources de l’État. Des fonds publics financent des voyages et des cérémonies futiles et des acquisitions qui ne soulagent en aucun cas la misère du peuple. Cette gabegie administrative est inacceptable ».

Monsieur le Premier Ministre, la nation toute entière en a marre !

« Le pays est en train de s’asphyxier économiquement. L’insécurité généralisée ne profite pas au pays et le plonge dans un chaos indescriptible. D’aucuns suggèrent même que l’équipe en place semble faire durer la jouissance illégitime du pouvoir sans contrôle, et ceci, au mépris des souffrances de la population. Monsieur le Premier Ministre, la nation toute entière en a marre ! », ont balancé les signataires de cette pétition, indiquant que « des experts en sécurité publique ont clairement établi une feuille de route avec des recommandations simples à exécuter, efficaces à court terme et susceptibles d’endiguer l’insécurité à moyen terme, toutes ces mesures pouvant être prises immédiatement ».

Déclarer la guerre aux gangs armés

Selon ces recommandations, il faut, dans un premier temps, « décréter l’État d’urgence ; déclarer la guerre aux gangs armés qui sèment le deuil et la désolation dans la population ;sévir contre la fraude au niveau des douanes pour éviter le détournement des revenus et imposer des mesures de contrôle pour éliminer le trafic d’armes et de munitions ; classer les gangs armés dans la catégorie des organisations terroristes ;équiper adéquatement en toute priorité les Forces Armées d’Haïti et la Police Nationale y compris la Police Scientifique ;recruter des experts pour encadrer la PNH dans ses efforts pour traquer et mettre hors d’état de nuire tous les bandits ; isoler les groupes criminels et les assiéger dans leur retranchement ;identifier publiquement et poursuivre toutes les personnes et entités qui financent et alimentent ces gangs en armes et munitions ; adopter un décret ordonnant le gel immédiat et la confiscation des avoirs de toutes les personnes et entités qui financent et alimentent ces gangs en armes et munitions ;exiger des compagnies téléphoniques l’identification obligatoire pour tout numéro de portable en fonction sur le territoire et déconnecter dans un délai raisonnable tout numéro de téléphone non identifié ;annuler et dans un bref délai, rapporter systématiquement toutes les anciennes plaques IT ou SE ou LOCATION en circulation. Ces plaques sont utilisées par les gangs. Contrôler strictement les nouvelles émissions de plaques.

Dans une « deuxième phase », peut-on lire dans cette pétition, il faut : vérifier les dossiers de tous les policiers (vetting), incluant les investigations pour les cas d’enrichissement illicite ou de blanchiment ;modifier les uniformes de toutes les unités de la Police ;identifier clairement les véhicules affectés au service de l’État par rapport aux institutions auxquelles ils appartiennent ;occuper les territoires reconquis en y assurant une présence socio-politique et administrative effective de l’État à tous les niveaux ».

Ariel Henry mis au pied du mur

« Monsieur le Premier Ministre, il est impératif d’adopter sans délai ces mesures urgentes qui s’imposent », selon cette pétition qui y va d’une mise en garde. « Tout retard dans la mise en œuvre de ce plan sera lourd de conséquences pouvant culminer à une révolte populaire désespérée et aveugle qui pourrait balayer tout sur son passage. L’Histoire et la Nation, peut-on lire dans cette pétition, vous tiendront, ainsi que votre Gouvernement et vos collaborateurs, pour principaux responsables de la descente aux enfers de notre Pays ». « Les signataires sont prêts à vous rencontrer au plus vite pour les suites », conclut cette pétition dont Caroline Hudicourt, Directrice Exécutive Consortium des Organisations du Secteur Privé de l’Éducation (COSPE), regroupant 12 organisations et 8000 écoles membre, Marie Alice BELISAIRE, Lesly ALPHONSE,présidente,vice-Président

Syndicat des Notaires des Juridictions d’Haïti (SNJH)

regroupant 186 membres et 7 Chambres, Marie Marguerite B CLÉRIÉ, présidente

Association Professionnelle d’Écoles Privées APEP/ FEV 44 écoles membres ;

Laurent SAINT-CYR, Président du Conseil d’Administration

Chambre de Commerce et d’industrie d’Haïti, représentant les 9 Chambres de Commerce départementales du pays, Wilhelm LEMKE, président du Conseil d’Administration

Association des Industries d’Haïti (ADIH,90 entreprises ; Jean Philippe BOISSON

président du Conseil d’Administration American Chamber of Commerce in Haiti (AMCHAM HAITI) 120 Membres ; Raina FORBIN

présidente du Conseil d’Administration

Association Touristique d’Haïti (ATH) 56 Membres ; Rosny DESROCHES Directeur Exécutif

Initiative de la Société Civile (ISC) ; Carl Fred BEHRMANN

Président Association des Agents Importateurs de Véhicules à Moteurs (AAIVM)

11 Membres ; Rudolf DÉROSE coordonnateur

Réseau National des Promoteurs du Tourisme Solidaire (RENAPROTS)

20 membres répartis sur les 10 départements ; Christon SAINT-FORT

Directeur Exécutif Fédération des Écoles Protestantes d’Haïti (FEPH)

3000 écoles affiliées ; Michelle MOURRA, présidente

Chambre de Commerce et d’Industrie Canado-Haïtienne (CCICH) ; Michelle MOURRA

Présidente Chambre de Commerce et d’Industrie Canado-Haïtienne (CCICH) ;

Marie France PETOÏA, présidente

Association Haïtienne des Agences de Voyage (ASHAV)

12 membres ; Pierre Hugues SAINT JEAN

Président Association des Pharmaciens d’Haïti (APH)

305 membres ; Régine ROCHE, présidente

Société haïtienne de formation et de prise en charge de la douleur (SOHAD)

84 professionnels de santé adhérents ; Myriam GOUSSE, président

Association Haïtienne de Chirurgie ASCHAC

Plus de 80 membres ; Jean Jumeau BATSCH, président

Société Haïtienne des Obstétriciens Gynécologues (SHOG) ;

Richard HASPIL, président Collège National des Ingénieurs et Architectes Haïtiens (CNIAH) ;

Natacha ANTOINE, secrétaire générale

Association des anciens étudiants de la Faculté de Médecine de l’Université Notre Dame d’Haïti (AFMU) 251 membres ; Dimitri HENRYS, président

Société Haïtienne de Médecine d’Urgence et de Catastrophe (SHAMUC)

34 Membres ; pour le secteur des Transports regroupant 31 organisations : Méhu CHANGEUX, Coordonnateur Général Association des Propriétaires et des Chauffeurs Haïtiens (APCH) ; Benissoit DUCLOS, coordonnateur Général Mouvement Unifie des Transporteurs Haïtiens (MUTH) ; Montès JOSEPH, Coordonnateur Général Front Unifie des Transporteurs et des Travailleurs d’Haïti (FUTRAH). La pétition, partagée sur les réseaux sociaux, recueille d’autres signatures. Elle a été reçue le 28 mars par la Primature.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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