PORT-AU-PRINCE – La Yukonnaise Morgan Weinberg est de passage à Whitehorse pour amasser des fonds et poursuivre sa mission en Haïti afin de permettre à des enfants d’orphelinats de retrouver leur famille.

Un texte de Claudiane Samson

Son organisme, Little Footprints Big Steps, multiplie les initiatives depuis 2010 pour permettre aux familles de subvenir aux besoins des enfants et éviter à ces derniers de se retrouver dans des orphelinats qui les exploitent.

La vocation de la jeune femme s’est déclarée lors de son premier passage en Haïti, à l’âge de 18 ans, au lendemain du grand tremblement de terre.

L’UNICEF et l’Institut du bien-être social et de recherche d’Haïti estiment que 80 % des enfants dans les orphelinats du pays ont une famille, mais sont souvent abandonnés en raison du manque de moyens financiers pour subvenir à leurs besoins.

Entre 2010 et 2013, selon l’organisation, 25 établissements ont été fermés, et 12 000 enfants ont été placés dans d’autres centres. L’UNICEF vise également la réunification des enfants et de leur famille.

«J’ai constaté que les 75 enfants [de l’orphelinat] étaient gravement négligés et agressés. […] De la violence corporelle, de la traite d’enfants, des enfants laissés pour morts. Pour les aider, il fallait que je les sorte de l’orphelinat».
Morgan Weinberg, cofondatrice Little Footprints Big Steps

Les orphelinats, explique Morgan Weinberg, travaillent pour faire des profits. Selon elle, les propriétaires de ces établissements visitent les villages et encouragent les familles pauvres à leur donner leurs enfants. Les enfants sont ensuite exploités. « Plus ils sont malades, plus ils reçoivent de dons de l’étranger », ajoute Mme Weinberg.

Cette mission a valu à Morgan Weinberg de nombreuses menaces, certaines à l’arme à feu, des attaques, des vols. Lors de ce passage, elle est accompagnée d’un des 17 employés haïtiens de l’organisme, Ronald Jean-Claude, son chauffeur et garde du corps.

«C’est un bon travail [qui fait] fait beaucoup avancer les choses dans mon pays».
Ronald Jean-Claude, chauffeur et garde du corps de Morgan Weinberg

« Pour Morgan c’est vraiment dangereux […] parce qu’elle est étrangère. En Haïti, quand une personne voit un étranger ou une étrangère, pour lui, c’est beaucoup de choses. Elle a beaucoup de moyens, tout ça », explique-t-il.

Morgan Weinberg admet que les opérations ne sont pas toujours faciles. « Il m’a fallu longtemps pour être prise au sérieux autant par les étrangers que par les gens du coin. »

Sortir les familles de la pauvreté

Les campagnes de financement faites régulièrement au Yukon soutiennent de nombreuses initiatives. Outre des refuges pour les enfants d’orphelinats ou de la rue, elles permettent de mettre en place des programmes d’entrepreneuriat et d’agriculture pour permettre aux familles, une fois réunies, d’acquérir une autonomie financière.

L’an dernier, 730 299 $ ont été dépensés en tout, selon les documents de l’organisme, dont 94 % directement dans les programmes et les services. La présidente du conseil d’administration et mère de la cofondatrice, Karen Weinberg, affirme que l’organisme ne reçoit aucune subvention gouvernementale. La moitié des dons privés proviennent du Yukon.

Depuis les débuts de l’organisme de charité, plus de 200 enfants ont retrouvé leur famille, selon Morgan Weinberg. Elle souhaite maintenant faire de Little Footprints Big Steps un modèle qui puisse être reproduit ailleurs au monde.

Pour son travail, elle a reçu le prix Goodwill for Haiti, en janvier, à Dublin, en Irlande, ainsi que la Croix du service méritoire de la gouverneure générale du Canada en 2015.

CLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS

Source/Radio-Canada
Photo/Archives
www.anmwe.com

Morgan-Weinberg