Port-au-Prince          C’est le silence radio sur le dossier, a indiqué au Nouvelliste un conseiller du président Martelly joint au téléphone mercredi soir. Le dossier embarrasse, a-t-il dit avant d’ajouter que c’est une situation compliquée. L’équipe du palais national ne veut pas commettre d’erreur sur ce dossier pour ne pas donner de l’avantage aux adversaires politiques de Michel Martelly. Du coup, ils sont prudents. Il se peut même que Michel Martelly soit à l’extérieur du pays au moment des funérailles de Jean-Claude Duvalier, a souligné au journal un autre contact au palais national.

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Direct et tranchant, Me Reynold Georges, l’un des avocats de l’ex-président à vie, a confié au Nouvelliste qu’à la suite d’une rencontre au palais national, mercredi, le chef de l’Etat a cédé aux pressions de ceux qui ne veulent pas des funérailles nationales pour Baby Doc. « Il avait accepté d’organiser des funéraille nationales pour l’ancien président, a-t-il dit. Mais il a finalement cédé aux pressions. » « Nous allons prendre notre responsabilité et organiser des funérailles normales (ordinaires) pour l’ancien président, le samedi 11 octobre, dans les locaux de l’Institution St-Louis de Gonzague à Delmas », a annoncé Me Reynold Georges.

Selon lui, c’est un très mauvais précédent de ne pas accorder des funérailles nationales à un ancien président de la République. La cérémonie funèbre qui débutera à 7h du matin sera ouverte au grand public et il y aura des délégations en provenance des provinces, a indiqué Me Georges. Ce dernier n’était pas en mesure de confirmer la participation du président Martelly aux funérailles ni d’aucune autre personnalité ni encore s’il y aura quelque chose de spécial pour marquer le départ de l’ancien dictateur. « Nous n’avons pas encore fini avec les planifications », a-t-il dit. Me Reynold Georges a qualifié d’intolérants, d’intransigeants et d’anciens communistes ceux qui ne veulent pas qu’on organise des funérailles nationales à Jean-Claude Duvalier, son client.

Il a estimé qu’après avoir servi le pays pendant 15 ans, Baby Doc mérite de partir avec les honneurs. Des hommes politiques et plusieurs organisations de défense des droits humains ont déjà elevé la voix pour dénoncer toutes tentatives visant à accorder des funérailles nationales pour Jean-Claude Duvalier décédé samedi dernier à la suite d’un arrêt cardiaque à l’âge de 63 ans.

Le Nouvelliste a tenté en vain d’entrer en contact avec le porte-parole de Michel Martelly, Lucien Jura, qui, en début de semaine, avait estimé logique que des funérailles nationales soient organisées pour un ancien président de la République même s’il avait précisé qu’aucune décision n’avait été encore prise en ce sens. « La mort de Jean-Claude Duvalier ne doit pas être utilisée pour balayer d’un revers de main les crimes commis sous son régime. Tout un réseau de miliciens volontaires et de représentants de l’État sont par ailleurs soupçonnés d’avoir commis des violations des droits humains sous le commandement de Jean-Claude Duvalier.

Il faut également enquêter sur ces personnes et, lorsqu’il existe suffisamment de preuves recevables, les poursuivre dans le cadre de procédures équitables », a déclaré mardi Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International. A la cloche de bois, le président Martelly a quitté le pays mercredi pour participer au 8e Forum des Amériques sur la compétitivité à Trinidad. C’est sur sa page Face book que le chef de l’Etat a communiqué son départ sans donner de précision. Il a été accueilli à l’aéroport de Port of Spain, par l’ambassadeur de Trinidad en Haïti, Dr. Iva Gloudon.

Parallèlement, l’autre chef de l’exécutif, le Premier ministre Laurent Lamothe se trouve actuellement à Washington pour participer à une série d’activités, dont une séance de levée de fonds en faveur d’Haïti, à l’occasion de l’Assemblée annuelle des ministres des Finances des pays affiliés à la Banque mondiale.

Source/Le Nouvelliste

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