PORT-AU-PRINCE – « Le Premier ministre Joseph Jouthe a présenté sa lettre de démission au président, à son bureau, et lors du Conseil des ministres, hier mercredi. La démission n’a pas été acceptée. Il est toujours prêt à partir », a confié au journal Le Nouvelliste une source gouvernementale proche de la Primature, jeudi 11 mars 2021.
« Le PM est toujours prêt à partir, dès lors qu’il y a une situation ambiguë. Il est toujours prêt à partir si son départ peut faciliter ou améliorer la cohérence gouvernementale », a-t-elle détaillé, soulignant que « sa démarche a rapport à la cohésion d’une manière générale au gouvernement ».
Interrogée sur le lien entre cette démarche et les critiques publiques du secrétaire du Conseil des ministres Rénald Lubérice sur les droits de teinte de véhicules pour lutter contre l’insécurité, cette source n’est pas rentrée dans les détails, comme pour souligner que cela ne serait pas à la base de la décision de Joseph Jouthe.
« Si le Premier ministre passe des instructions et que des ministres posent des actions contraires, c’est que sa place n’est plus à la tête du gouvernement. Il est prêt à partir », a indiqué cette source, soulignant que « tout le monde est au courant des déclarations du ministre de la Justice, Me Rockefeller Vincent, contraires aux dispositions du PM ».
« En plein Conseil des ministres, le Premier ministre Jouthe, après s’être défoulé en prenant pour cible ceux parmi les ministres qui veulent prendre son job, a sorti une lettre de démission de son agenda. Il l’a brandie sans la lire et ne l’a pas remise au président Moïse. Le président n’a pas réagi. A la fin de sa prise de parole, le PM a renouvelé sa disponibilité pour continuer à travailler avec le président», a confié une source gouvernementale interrogée par Le Nouvelliste.
« Il n’a pas démissionné. Il a fait un coup de théâtre. Il a clairement conscience que si le président accepte sa démission, c’est le cabinet qui tombe », a poursuivi cette source, soulignant que le Premier ministre Jouthe s’était entretenu avec le président avant d’entrer dans la salle du Conseil des ministres.
« S’il voulait démissionner, il l’aurait fait en toute intimité, lors de son entretien avec le président », a confié cette source. « Le Premier ministre n’a pas nommé les ministres ciblés. Il était visiblement sous le choc, virulent dans ses attaques », a souligné cette source.
Une autre source proche de la présidence a affirmé au journal que Joseph Jouthe « n’a pas remis sa démission » au président Moïse lors de ce Conseil des ministres. « Il a dit que comme c’est désormais une tradition, qu’il a écrit une lettre de démission non datée, écrite le jour où il est devenu Premier ministre. Cette lettre sera datée au jour de la demande de sa démission par le président », a indiqué cette source, soulignant que Joseph Jouthe « dit tout le temps cela ».
« Mais tout le monde a une lettre sans date. C’était le cas de Evans Paul, Premier ministre de Martelly; Céant en avait une. Tout le monde a une lettre de démission non datée », a relativisé cette source. « Ce ne serait pas élégant de sa part de remettre sa démission en présence de tous les ministres, pendant le Conseil », veut croire cette source.
Source/Le Nouvelliste
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