PORT-AU-PRINCE – Le second tour de la présidentielle et des élections législatives haïtiennes, initialement prévus en décembre, ne pourront se tenir le 24 avril comme prévu, a laissé entendre le président du Conseil électoral provisoire mardi.

“On ne peut pas parler de calendrier électoral dans la phase où nous sommes”, a déclaré Léopold Berlanger lors d’une conférence de presse tenue au siège du Conseil électoral provisoire (CEP) dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Haïti est plongée dans une crise politique profonde depuis que le processus électoral a été suspendu en janvier, en raison des accusations de l’opposition dénonçant un “coup d’Etat électoral” fomenté par Michel Martelly, l’ancien président. Au premier tour du scrutin présidentiel, le 25 octobre, le candidat du pouvoir, Jovenel Moïse, avait recueilli 32,76% des voix, contre 25,29% pour Jude Célestin, qui a qualifié ces scores de “farce ridicule”.

Accord de sortie de crise
En raison des reports successifs du second tour de la présidentielle, Michel Martelly a achevé son mandat le 7 février sans remettre le pouvoir à un successeur élu. Un accord de sortie de crise, signé entre le pouvoir exécutif et le Parlement, a permis l’élection de Jocelerme Privert, à l’époque président du Sénat, au poste de président provisoire, pour un mandat de trois mois. Cet accord indiquait également que les élections laissées en suspens seraient organisées le 24 avril.

Mais ce mardi, le président du CEP s’est défendu d’avoir à respecter cette échéance. “Comme Conseil électoral, nous ne sommes pas partie prenante de cet accord”, a expliqué Léopold Berlanger. “Nous sommes une institution indépendante qui a un cadre donné par la constitution et la loi électorale : il est clairement dit que le conseil a l’autorité pour dire dans quel délai les élections peuvent avoir lieu”, a-t-il ajouté.

Division de la classe politique
Pour sa première conférence depuis l’installation jeudi dernier du Conseil, Léopold Berlanger a par ailleurs sévèrement critiqué la division au sein de la classe politique qui paralyse le retour d’Haïti à l’ordre constitutionnel. Les résultats des élections municipales, tour unique qui s’est tenu le 25 octobre dernier, sont en effet contestés devant les tribunaux électoraux dans 81 des 140 communes du pays.

“C’est une situation grave car cela montre que le processus est malade”, a dénoncé Léopold Berlanger. “Comment pouvez-vous avoir une élection pour laquelle deux tiers des postes sont contestés ?” s’interroge le président du CEP qui dénonce ceux enclins à la corruption. “Certains ont la perception que le contentieux est peut-être un moyen pour acheter et vendre une élection”, a déclaré Léopold Berlanger.

En raison de l’important retard sur le calendrier électoral, une quarantaine de sièges parlementaires sont encore non pourvus et, depuis fin 2012, toutes les communes d’Haïti sont administrées par des agents intérimaires nommés sans consensus par Michel Martelly.

CLIQUEZ SUR LE LIEN POUR PLUS DE DÉTAILS

Source/France Info
Photos/Archives
www.anmwe.com

haiti-election