PORT-AUPRINCE – L’homme d’affaires haïtien Rodolphe Jaar, un ancien trafiquant de drogue, a admis avoir aidé à financer et à planifier le complot ayant débouché sur l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto, Jovenel Moïse, selon un article du journal The New York Times, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

Peu de temps avant l’assassinat, dans un chantier de construction vide, alors qu’il fuyait les autorités, l’un des suspects, Joseph Félix Badio, avait dit à Jaar qu’Ariel Henry (actuel premier ministre de facto) serait un allié utile après le renversement de Jovenel Moïse, a déclaré Rodolphe Jaar dans une longue interview au journal américain The New York Times.

« C’est mon bon ami, j’ai un contrôle total sur lui », avait fait savoir Badio, quand Ariel Henry, un neurochirurgien de 72 ans, a été nommé premier ministre, rapporte Jaar, cité par le journal américain.

Après l’assassinat du 7 juillet 2021, Jaar et Badio étaient restés en contact l’un avec l’autre, tout en évitant les autorités, et avaient même partagé une maison sûre plusieurs jours après le meurtre, ajoute-t-il.

Dans les heures, qui ont suivi le meurtre, lorsque des policiers ont piégé les mercenaires colombiens, accusés d’avoir commis l’agression, Badio avait demandé l’aide d’Ariel Henry pour s’échapper, poursuit-il.

Selon Jaar, Ariel Henry a répondu qu’« il passerait quelques appels », bien que ses affirmations n’aient pas pu être vérifiées de manière indépendante, révèle The New York Times.

Trois responsables haïtiens, impliqués dans l’enquête, ont confirmé qu’Ariel Henry était en contact avec Badio à plusieurs reprises.

Le but du complot avait été de destituer, pas de tuer Jovenel Moïse, selon Jaar, soulignant qu’il aurait été pris dans un jeu politique plus large, qu’il ne comprend toujours pas entièrement.

Rodolphe Jaar a été arrêté en République Dominicaine, le vendredi 7 janvier 2022, après six mois de cavale.

De l’avis de Jaar, les comploteurs avaient l’intention de faire prêter serment à une ancienne juge de la cour de cassation, Wendelle Coq-Thélot, comme nouvelle présidente.

Les appels téléphoniques d’Henry avec Badio ont été révélés, d’abord par le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), puis, en septembre 2021, par l’ex-commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Bedford Claude.

Ce dernier avait demandé au premier ministre de facto de venir s’expliquer devant le tribunal.

Bedford Claude a été démis de ses fonctions, peu de temps après.

Frantz Elbé indexé

Jaar a également mis en cause un autre haut responsable du gouvernement d’Ariel Henry : le chef ad intérim de la police, Frantz Elbé, rapporte The New York Times.

Au cours d’une réunion pour discuter du complot, Badio a appelé Elbé, un conseiller principal de la police à l’époque, et lui a demandé de l’aider à se procurer des armes pour le coup d’État, relate le journal, relayant les propos de Jaar,.

Elbé a dit à Badio qu’il n’avait pas les armes, mais n’a pas, non plus, essayé d’empêcher le coup d’État, a raconté Jaar, sans fournir de preuves indépendantes.

En octobre 2021, le premier ministre de facto, Ariel Henry, a promu Elbé à la tête de la Police nationale haïtienne.

L’enquête semblerait prendre un nouvel essor, après l’arrestation, par les États-Unis d’Amérique, du Colombien Mario Antonio Palacios Palacios, suivie de celle de l’homme d’affaires Rodolphe Jaar, deux principaux suspects dans l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto en Haïti, Jovenel Moïse.

Considéré comme l’un des bras financiers de l’assassinat de Jovenel Moïse, Rodolphe Jaar a été appréhendé, le vendredi 7 janvier 2022, en République Dominicaine.

L’homme d’affaires, qui aurait laissé Haïti début janvier 2022, aurait été arrêté à la demande des autorités américaines, sur la base de déclarations, volontairement fournies par Mario Antonio Palacios Palacios, détenu, à Miami, depuis le mardi 4 janvier 2022, a indiqué le journal Miami Herald.

Les criminels « n’auront jamais le sommeil tranquille et ils seront traqués jusqu’à leurs derniers retranchements, grâce à une collaboration internationale efficace », a réagi, dans un tweet, l’ancien chancelier de facto en Haïti, Claude Joseph.

Réagissant aux accusations du Rnddh, Léon Charles a démenti avoir eu des contacts avec Joseph Félix Badio, un autre suspect dans l’assassinat de Jovenel Moïse, ont rapporté des médias.

L’ancien chef de la police a aussi déclaré n’avoir jamais entravé l’enquête, menée par la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj).

Le Réseau national de défense des droits humains a révélé que l’ancien directeur de la police nationale, Léon Charles, était lui-même en contact avec Joseph Félix Badio, dans un rapport.

L’organisme de défense des droits humains l’a accusé de bloquer l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse.

Source/AlterPresse
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