PORT-AU-PRINCE – Le secrétaire général du parti Fusion des sociaux-démocrates haïtiens, Rosemond Pradel, réagit à la suite de la publication du communiqué du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) préconisant une réforme constitutionnelle afin de mettre le pays sur les rails du développement. Aucun amendement de la constitution ne peut apporter la solution, a-t-il déclaré.
M Pradel est convaincu que le problème est mal posé. Selon lui, il faut analyser l’échec des élites du pays afin de comprendre les épisodes de troubles sociopolitiques qui ont suivi l’indépendance d’Haïti. Une constitution de plus ne va pas changer la donne. ‘‘Le problème sera résolu quand tous les secteurs vifs de la nation choisiront de dialoguer en vue de changer les conditions des citoyens. On peut réformer la constitution à de nombreuses reprises en laissant intact le mal profond qui ronge le pays’’, a-t-il martelé.
L’ancien Ministre des TPTC qualifie Haïti de « mangeur de constitutions » en référence à plus d’une vingtaine de constitutions qu’a connues le pays. Si la durée du mandat des élus anime les débats politiques depuis quelque temps à cause de la confusion créée de l’interprétation des uns et des autres, la constitution en vigueur n’en est nullement la cause soutient Rosemond Pradel qui précise que tout y était prévu alors que les acteurs politiques n’ont jamais abandonné les mesures transitoires qui composent en partie la base des problèmes actuels en faveur de l’instauration et de la consolidation des institutions étatiques. D’une constitution à l’autre, la situation ne s’est jamais améliorée.
Pour M Pradel, les élites politiques haïtiennes pratiquent ce qu’il qualifie d’activités politiques informelles et cela va au détriment du développement réel du pays. Faire de la politique autrement (formellement), croit-il, peut aider à trouver la stabilité politique après avoir trouvé une compréhension mutuelle des difficultés. Ainsi, l’on pourra poser les bases du développement socio-économique du pays.
Tandis que beaucoup soutiennent qu’il faut un changement de constitution avant la tenue des prochaines élections, Rosemond Pradel ne partage pas cet avis. Selon lui, les mêmes causes vont produire des effets similaires si les conditions ne changent pas. « Les politiciens sont prêts à tout pour défendre leurs intérêts personnels. Ils font n’importe quoi pour écarter le peuple car l’intérêt collectif les importe peu ou pas », déplore-t-il. Certains se portent candidats aux élections sans avoir connaissance du cadre légal.
Les manœuvres déloyales aux élections et la mauvaise gouvernance doivent être les premières cibles à abattre si l’on veut réellement poser la base d’une nouvelle Haïti, soutient le responsable de la Fusion des sociaux-démocrates. Il estime qu’il ne faut pas opérer des changements au sein de la constitution ou réaliser des élections pour plaire à la communauté internationale et encore moins à un clan politique au risque d’envenimer la situation. Pour lui, maintenir le statu quo ou changer les choses ne revient qu’aux citoyens haïtiens qui doivent être les artisans de leur futur. Le dialogue est primordial pour y parvenir.
Source/Haiti Press network
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