PORT-AU-PRINCE – Un Montréalais d’origine haïtienne attendait avec impatience la fin du confinement pour retourner vivre dans son pays d’origine, mais son rêve a viré au cauchemar jeudi soir lorsqu’il a été sauvagement assassiné à la suite d’un vol à main armée près de Port-au-Prince.
Le décès de Wilner Bobo, 41 ans, a eu l’effet d’un choc cette fin de semaine dans la communauté haïtienne de Montréal, au sein de laquelle il était connu pour organiser des soirées dansantes.
«Il aimait beaucoup avoir du plaisir, mais en même temps, c’était un gars posé, qui n’avait jamais de trouble avec personne», s’est remémoré son frère, Reynold, la gorge nouée.
Amoureux d’Haïti
Installé au Québec depuis plus de 30 ans, Reynold Bobo avait fait venir son frère cadet au pays dans les années 90, mais Wilner a toujours eu la nostalgie de son patelin.
Gagnant sa vie comme préposé aux bénéficiaires ici, il retournait souvent en Haïti, où il avait l’habitude de rester pendant plusieurs mois.
Durant la pandémie, il était décidé à repartir s’établir pour un bon bout de temps dans la Perle des Antilles, où la situation s’est dégradée ces dernières années.
«C’est un pays fou! Avant, c’était un pays de plaisir, mais maintenant, ça n’arrête pas de se détériorer», se désole Reynold Bobo, qui avait essayé de convaincre son frère de partir plus tard, sachant que la violence était à son comble ces dernières semaines à cause du démantèlement de gangs.
Mais rien à faire: Wilner était impatient d’aller rejoindre ses amis, ses jeunes enfants et les autres membres de la fratrie Bobo qui sont toujours dans la région de la capitale haïtienne.
Meurtre
Installé chez de la famille depuis quelques semaines, il a participé à une fête entre copains jeudi soir, à Pétion-Ville, une banlieue cossue de Port-au-Prince. À la sortie, il aurait été appréhendé peu après minuit en pleine rue par un individu armé, toujours selon le récit de l’un de ses neveux, Ricardo Bobo, joint depuis Haïti.
«Selon mes informations, il avait un sac en bandoulière et on lui a pointé un revolver dessus pour qu’il lui donne l’argent qu’il y avait dedans. Il aurait donné l’argent, mais il a quand même été assassiné», a ajouté Reynold Bobo, qui assure que son frère n’avait aucun lien avec le crime organisé.
Exilés à risque
M. Bobo aimerait se rendre en Haïti afin de faire toute la lumière sur ce tragique événement et pour assister aux funérailles, mais il hésite, tellement la situation est explosive sur place.
«Les gens savent que si tu es de la diaspora, tu as de l’argent», a déploré celui qui dit avoir de la difficulté à manger depuis qu’il a appris la terrible nouvelle, une peine qu’il partage avec les autres enfants de Wilner Bobo qui résident au Québec.
Source/TVA Nouvelles
Photo/TVA Nouvelles
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