PORT-AU-PRINCE – Un manifestant a été tué par balle et un autre blessé à la tête à coup de machette vendredi à Port-au-Prince au cours d’incidents qui ont émaillé la fin d’une manifestation organisée par l’opposition, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les manifestants protestaient contre les résultats électoraux donnant le candidat du pouvoir en tête du premier tour de l’élection présidentielle.

La fin du cortège a essuyé des jets de pierres. Les manifestants ont alors jeté sur la chaussée tout ce qu’ils ont trouvé pour monter des barricades, bloquant une artère principale de la ville avec des pneus enflammés.

Dans la confusion, un manifestant a été tué d’une balle et un autre touché à la tête par un coup de machette, a pu constater une journaliste de l’AFP.

«Nous avons été attaqués par des sbires du pouvoir», a accusé Assad Volcy, porte-parole du parti Pitit Dessalines (les enfants de Dessalines en créole), dont le candidat à la présidence, Moïse Jean-Charles, est arrivé en troisième position du premier tour.

«Deux hommes, circulant à bord d’une motocyclette en uniforme de la police, ont ouvert le feu à bout portant et ils ont assassiné un de nos militants», a-t-il dit alors qu’il suivait un groupe de manifestants ramenant, dans une brouette, la dépouille de l’homme vers un quartier populaire de la capitale.

Mercredi, plusieurs manifestants, dont un candidat à la présidence, avaient été blessés par les balles en caoutchouc tirées par la police, qui avait violemment dispersé le cortège en usant également de grenades lacrymogènes et de tirs à balles réelles.

L’opposition multiplie les manifestations dans la capitale et les principales villes du pays depuis la publication, le 5 novembre, des résultats préliminaires du premier tour du scrutin présidentiel.

Avec 32 % des voix, Jovenel Moïse, candidat du parti au pouvoir PHTK (Parti haïtien Tet kale) est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, qui s’est tenu le 25 octobre, suivi par Jude Célestin, du parti Lapeh, qui a obtenu 25 % des suffrages.

Ce résultat favorable au président sortant Michel Martelly, que la Constitution empêche d’effectuer un second mandat consécutif, est considéré comme «un coup d’État électoral» par les sympathisants de l’opposition.

Face aux violences répétées contre ses partisans, le discours de l’opposition se radicalise.

S’ils demandaient une commission indépendante pour enquêter sur les éventuelles fraudes électorales, les opposants les plus radicaux réclament désormais la démission du président Michel Martelly et lui ont lancé vendredi un ultimatum de 48 heures.

«Martelly, vous avez seulement ce week-end pour prendre une décision face à la revendication du peuple haïtien qui est de mettre Jovenel hors de la course électorale», a menacé Assad Volcy. «A partir de la semaine prochaine, le mouvement va s’intensifier et on peut passer à une insurrection populaire».

Initialement prévue le 15 novembre, la publication des résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle devrait avoir lieu «au cours de la semaine», selon un porte-parole du CEP.

Le second tour du scrutin est prévu pour le 27 décembre.

Depuis la fin de la dictature des Duvalier en 1986, Haïti connaît une crise démocratique émaillée de coups d’État et d’élections contestées qui fragilisent le développement économique du pays, encore marqué par le terrible séisme de janvier 2010 qui avait fait plus de 200 000 morts.

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Source/La Presse
Photo/Archives
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