Dans la matinée du 12 novembre 1964 , contre le mur Nord-ouest du cimetière de Port-au-Prince, deux jeunes, originaires de la Grande-Anse, Louis Drouin et Marcel Numa. tombaient sous les balles d’un peloton d’exécution des Forces Armées d’Haiti. . Des centaines d’écoliers amenés sur ordre de François Duvalier ont assisté à l’exécution dont le film sera repassé tout au long de la semaine par l’unique station de télévision de Port-au-Prince.
DROUIN et NUMA appartenaient au mouvement JEUNE HAITI, qui regroupait plus d’une centaine de jeunes, militant contre la dictature. Cette organisation avait déjà participé à plusieurs tentatives d’invasion à partir de la République Dominicaine, au cours de l’année 1963.. Après le renversement de Bosch ( sept. 1963) et la mort de Kennedy (novembre 63), la plupart s’étaient établis aux Etats-Unis et au Canada
Le 27 juin 1964, l’année de la présidence à vie, le groupe de Fred Baptiste et de Gérard Lafontant, FARH avait débarqué près de Saltrou.. JEUNE HAITI décida alors d’organiser une expédition de renforcement C’est ainsi que le 5 aout 1964, un commando de JEUNE HAITI débarque à la Petite Rivière de Dame-Marie.. Quelques jours plus tard, le cyclone Cléo dévaste la presqu’ile du Sud..
Ils avaient promis de tenir un mois dans la perspective de débarquements ultérieurs. Ils tiendront trois mois, infligeant de lourdes pertes à l’armée d’Haiti au cours de divers affrontements qui les opposèrent aux 3,000 hommes de troupe envoyés de Port-au-Prince. Numa et Drouin seront faits prisonniers et transportés à Port-au-Prince sur un bateau des Garde-Côtes. Les trois derniers, Rigaud, Villedrouin et Jourdan seront tués dans la zone de l’Asile, à Ravine Roche, le 26 octobre, après un périple de près de 200 kilomètres.
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Ce sont des figures exemplaires qui illustrent l’ histoire de la résistance de segments entiers de la société haïtienne à la dictature des Duvalier. Histoire qui n’a pas encore été écrite, où toutes les couches de la société haïtienne se sont rencontrées dans les antichambres de torture et de mort.
Il convient de rappeler la part éminente que la jeunesse de ce pays a occupée dans le refus de l’humiliation et de l’oppression.
Dans son livre Papa Doc, Bernard Diederich a commenté en ces termes l’action de ces jeunes en 1964 : “Ils sont allés au combat en vue d’un objectif précis portés par leur foi en l’avènement d’une nouvelle société dans leur patrie.”
Au moment où notre pays s’enfonce dans une crise morale majeure marquée par la corruption, le mépris de la vie humaine manifesté dans des lynchages collectifs et des exécutions sommaires , le Centre OEcuménique des Droits Humains demande à tous les citoyens tentés par le découragement de méditer le geste héroïque de ces jeunes qui ont allés au combat en 1964.
Jean-Claude Bajeux, Dir. CEDH, 10 novembre 2001
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