PORT-AU-PRINCE – Au moment où les manifestations de l’opposition s’intensifient, Youri Latortue, Sénateur de son état, invite le Président de la République à choisir la voie du dialogue.

Si dialoguer constitue l’un des plus sûrs moyens pour mettre ensemble des belligérants aguerris, ou tous ceux qui, dans l’édification d’une œuvre, divergent dans leur vision, à plus forte raison, pourquoi les citoyens d’Haïti, une nation qui n’est pas en état de guerre, ne peuvent se mettre ensemble pour travailler sur des sujets d’ordre vital, cruciaux et d’intérêt national, dont dépend la stabilité du pays.

Depuis l’avènement du nouveau régime au pouvoir, l’opposition était en veilleuse voire réduite au silence.

Toutefois, la publication du budget 2017-2018 va leur servir de prétexte fallacieux pour se réveiller. En effet, grâce à l’indifférence et l’entêtement des uns, ou encore la perte de crédibilité débouchant sur l’incapacité de convaincre la majorité, des autres, le peuple haitien et les opposants ont sû profiter de la mauvaise gestion de la crise par l’Exécutif pour refaire surface.

Le pays a ainsi déjà connu plusieurs journées de manifestations pour la plupart violentes contre le nouveau budget qu’ils présentent comme une injustice sociale envers le peuple.

Pourtant, le Président de la République persiste et signe. La loi de finances a été publiée dans le journal officiel en dépit des multiples revendications et par-devant l’Assemblée Générale des Nations-Unies, il a encore pris position et justifié son choix d’appliquer la nouvelle loi de finances.

Alors, le Président du Sénat est sorti de son mutisme pour prêcher le dialogue en invitant le Président de la République à faire le nécessaire afin d’éviter le pire au pays.

A l’opposé de Macron qui vient de déclarer que la démocratie n’est pas la rue, la déclaration de Youri Latortue constitue celle d’un citoyen responsable et engagé dans la lutte pour l’émancipation de la démocratie. Il s’est exprimé en ces termes, et je cite : « Si nous sommes en démocratie et qu’il y a des groupes qui ont des revendications, il faut qu’il y ait des pourparlers afin de garantir la stabilité du pays. Le dialogue doit être permanent ».

Si M. Jovenel Moise est le Chef de l’Etat, en homme d’Etat responsable, s’il veut œuvrer pour la résolution de la crise, il doit entendre raison, il doit faire abstraction de son « MOI » afin d’entendre les revendications de la partie adverse.

Ainsi, comme un pacte de gouvernabilité, le dialogue prôné par Youri Latortue permettra de trouver difficilement mais sûrement, une issue à cette malencontreuse crise qui, déjà, a des impacts négatifs considérables sur la vie économique.

Le pays se meurt, le peuple n’en peut plus.

Il faut arrêter l’hémorragie, prônons le dialogue pour une paix durable, le pays en a grand besoin.

Davidson Alcimé

Anmwe
Photo/Archives
www.anmwe.com

Youry-Latortue