Vue d’ailleurs, la très longue campagne présidentielle américaine, qui vient d’aborder son dernier droit, est fascinante. Non point par sa hauteur, son élévation, mais au contraire par ses laideurs, ses bassesses et ses coups bas (cheap shot). À titre d’exemple, peut-être symptomatique, diraient les psychanalystes freudiens et lacaniens, le 4 mars 2016 dernier, en pleine course à la chefferie du Parti Républicain, le candidat Marco Rubio s’en est pris à Donald Trump en insinuant qu’il avait un micropénis. Pendant plusieurs jours, le débat sur la taille du pénis de Donald Trump a enflammé les média américains. De là à dire que les politiciens sont des phallocrates, il n’y a qu’un pas…
Or, si Donald Trump a remporté la course à la chefferie républicaine (la course comptait 17 concurrents à la ligne de départ) et est devenu, par le fait même, le candidat officiel du Parti Républicain(GOP), ce n’est pas en raison de la taille de son pénis, mais plutôt grâce à sa capacité d’insulter les autres, de capitaliser sur la colère, le ressac et les ressentiments d’une partie de l’électorat blanc. En sorte qu’il enfile des sophismes, des fumisteries, des demi-vérités, des approximations, des contre-vérités et des mensonges sans avoir à rendre des comptes, à cause du manque de sérieux de la meute journalistique.
Il appert que peu importe la taille de son zizi, Donald Trump est un « idiot » au sens technique du terme. Dois-je rappeler que dans la Grèce antique, on considérait comme « idiot » (idiotès), « un homme vulgaire, sans éducation, qui n’avait aucune ou très peu de connaissances de la vie politique de la République »? Aujourd’hui, on dira, par euphémisme, un « outsider ». Qu’importe!
À l’opposé, le Parti Démocrate ne fait guère mieux. Il impose à l’électeur américain une « Grande Zozoune » en la personne d’Hillary Clinton. Dans le créole haïtien, une « grande Zouzoune » est une personne qui en mène large, non par ses compétences et ses capacités réelles; mais grâce à ses accointances, son accoutumance aux rouages de la cité, bref, de la République.
Force est de constater que les circonstances nébuleuses entourant la démission fracassante, précipitée et embarrassante de la présidente du Parti démocrate, Debbie Wasserman, le 24 juillet dernier, à la veille de l’ouverture officielle du congrès dudit parti, confirment les pires craintes des partisans de Bernie Sanders, à savoir que la haute Direction du Parti Démocrate a magouillé en faveur d’Hilary Clinton. En sorte que si Hillary Clinton est devenue la candidate officielle du Parti Démocrate, ce n’est pas parce qu’elle a fait une meilleure campagne que Bernie Sanders, mais parce qu’elle est une « Grande Zouzoune » de Washington et de New York.
Il s’avère que la « grande Zouzoune » ou le « petit zizi » qui sera issu des élections du 8 novembre prochain ne sera pas un choix, mais un manque d’option. N’est-ce pas une illustration de la perversion de la démocratie et de la convergence des média?
Dr Jean Fils-Aimé, Ph.D
Photo/Archives/Common dreams
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