M. Lephène Jean-Louis coulait paisiblement ses vieux jours avec sa femme avant de se retrouver fortuitement sur le chemin de trois forcenés qui braquaient l’épicerie de son ami à Torcel, le dimanche 6 avril 2014. Atteint d’un projectile à l’abdomen, le père de Jimmy Jean- Louis (Dao dans le film d’Arnold Antonin “Le Président a-t-il le Sida ?) allait mourir dans un centre hospitalier quatre jours après son agression des suites de ses blessures. Laissant dans le deuil une épouse, deux fils et une fille, ses funérailles ont été chantées ce mercredi 16 avril.
« Violente, absurde, irrationnelle… » les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la mort subite et inattendue de Lephène Jean-Louis, le père de l’acteur et philanthrope Jimmy Jean-Louis. Au Parc du souvenir l’émotion d’une disparition brutale est palpable sur le visage de l’acteur haïtien mondialement connu.
Des personnalités du monde cinématographique haïtien comme Arnold Anthonin, Reginald Chevalier, l’ancien Ministre des Haïtiens Vivant à l’étranger Daniel Supplice, l’actuel directeur de l’Ecole Nationale des Arts Phillippe Dodard, des membres du corps diplomatique, sont présents aux cotés de l’artiste dans cet épisode triste de sa vie. Une semaine au paravent, soit le 7 avril dernier, moins de 24 heures après l’agression de son père, malgré le drame qui frappe sa famille, Jimmy Jean-Louis revêt le costume d’époque de la designer Madeline Ledan pour répondre à une obligation. Aux cotés du président de la république et des membres du gouvernement il fait une offrande florale au champ de mars à la mémoire du précurseur de l’indépendance d’Haïti, Toussaint Louverture qu’il incarne dans le téléfilm de Philippe Niang « Toussaint Louverture, l’envol de l’aigle ». Le film a été projeté pour la premiere fois en Haïti en avril 2012 pour lancer les activités marquants la semaine de la diaspora.
Allongé dans son cercueil, Lephène Jean- Louis, fervent catholique, est au milieu d’un champ de fleurs. Assis près du cercueil, son benjamin Jimmy Jean-Louis, costume noir, silencieux, regarde dans le vide par moments. Il hoche la tête comme pour dire merci, retient sa douleur, quand ses yeux croisent le regard d’une connaissance. Au premier rang aussi, sa maman, Marie Elienne Jean- Louis terrassée par la souffrance, a du mal à retenir ses larmes.
Au milieu de tant de souffrance la voix de la soliste s’élève, surfant sur les notes de ” l’Hymne à la création”. L’infiniment grand et l’infiniment petit accompagne un fils du Bon Dieu à sa dernière demeure…
Dans son homélie, le célébrant tranche. « Il ne méritait pas cela. Il est mort pour rien », regrette-t-il. L’homme d’Église dépeint M. Lephène Jean-Louis comme quelqu’un de bien, au sens de responsabilité pointue. Magnanime, il vivait pour les autres. « Il aimait le Bon Dieu. Il arrivait à la messe une demi-heure plus tôt pour faire sa petite prière », confie le prêtre. Il ne s’est pas creusé la tête pour trouver des adjectifs à cette mort qui pour lui est « violente, absurde, irrationnelle… » Ne pouvant pas s’expliquer cette « stupide agression », le prêtre lance un appel ultime : « Des efforts doivent être consentis pour que le sang des innocents cesse de couler. C’est la responsabilité de tout un chacun et celle des autorités en particulier », a-t-il martelé en créole.
Les éloges ne tarissent pas sur le très regretté au moment de l’oraison funèbre. Un proche de la famille retrace le parcours de M. Lephène Jean-Louis. Né à Bainet le 30 septembre 1937, il était un entrepreneur et un fervent croyant. Il aimait sa famille et sa patrie. La réussite et le succès de son fils Jimmy Jean-Louis ont été comme une récompense à tous ses efforts, a-t-il dit en substance.
Accroché au bras de sa mère, suivant le corbillard, Jimmy Jean-Louis encaisse le coup avec stoïcisme. Sous une tente près des caves, à l’abri du soleil, il scrute les derniers gestes des préposés. De la terre et des fleurs couleur soleil sont déposées dans un petit pot, numéroté 3988. Jimmy, une dernière fois tapote le cercueil. C’est là que repose désormais la dépouille de son père.
SOURCE: LeNouvelliste.com