La gestion des déchets représente un enjeu majeur aussi bien dans le champ de la santé publique que dans la lutte contre le dérèglement climatique.

La ville de Suresnes, en Île-de-France, accompagne la mairie du Cap Haïtien à Haïti sur cette problématique depuis 2003. Le Cap Haïtien représente, par sa population, la deuxième ville du pays après Port-au-Prince. La problématique de gestion des déchets y est donc cruciale.

Ensemble, Suresnes et le Cap Haïtien mènent donc depuis 12 ans un projet de gestion intégrée des déchets qui s’est donné pour objectif d’améliorer les conditions de vie de toute une population, sous l’angle de la santé et de l’environnement. Ce projet vise la mise en place d’un circuit de collecte pérenne des déchets et la construction d’un centre d’enfouissement technique.

Le projet
Gestion Intégrée des Déchets et de l’Environnement (projet GIDE)
Où ?
Dans la commune de Cap Haïtien, située dans le département du Nord d’Haïti
Combien de bénéficiaires ?
Estimés à 600 000

Depuis quand ce partenariat a-t-il été initié ?
Les villes de Suresnes et du Cap Haïtien sont engagées dans une coopération depuis 1998. Celle-ci a vu naître de nombreux projets, dans la gestion des déchets mais pas seulement : préservation et mise en valeur du patrimoine, renforcement des capacités de la mairie ou des enfants en situation de vulnérabilité sont aussi des domaines de coopération entre les deux villes.

Le contexte et les enjeux

  • La gestion des déchets représente un enjeu majeur aussi bien dans le champ de la santé publique que dans la lutte contre le dérèglement climatique
  • 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont dues à la décomposition et au traitement de déchets.
    Les déchets ménagers représentent 50% de la production mondiale de déchets.
  • Un habitant de pays en développement (PED) produit environ 0,6 kg de déchets par jour, contre 2,1 kg dans un pays développé.
  • Le taux de collecte des déchets avoisine les 100 % dans les pays européens, il est inférieur à 50 % dans les pays d’Afrique sub-saharienne.
  • Dans les zones où les déchets ne sont pas collectés la fréquence des diarrhées est 2 fois plus élevée et celle des infections respiratoires 6 fois plus élevée.
    (source : Amorce)

Dans les 10 prochaines années, la production de déchets dans le monde va croître de 1,3 à 2,2 milliards de tonnes. Dans les PED le coût de la gestion des déchets va être multiplié par 5. La prolifération de déchets, si elle est peu ou mal gérée, a des impacts très négatifs : pollution des sols et des nappes phréatiques, transmission de maladies, troubles respiratoires et digestifs, ainsi qu’émission de gaz à effet de serre.

Les collectivités des PED sont directement concernées par cette croissance et elles ont peu de moyens financiers pour y faire face. L’impact des déchets sur la santé publique et sur la salubrité rend la situation très critique.

Cap Haïtien : un pôle de développement en Haïti suite au séisme de 2010
Cap Haïtien dispose d’un fort potentiel touristique : un patrimoine architectural colonial remarquable, une proximité avec les sites classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, tels que La Citadelle et la Palais Sans Souci. Elle constitue également une ouverture sur la zone américaine et caribéenne, un port, un aéroport international, ce qui en fait un pôle de développement dans les stratégies de l’État suite au séisme de 2010.

La coopération décentralisée entre Suresnes et Cap Haïtien s’inscrit dans une démarche d’accompagnement technique et de renforcement institutionnel pour permettre à la mairie du Cap Haïtien de s’approprier ses domaines de compétences et de devenir le chef d’orchestre sur son territoire.

Quels sont les objectifs ?

  • Réduire l’insalubrité ;
  • Créer des emplois ;
  • Améliorer les conditions de vie de toute une population, sous l’angle de la santé et de l’environnement ;
  • Sensibiliser la population aux enjeux des déchets.
  • Le projet est porté par une intercommunalité, il permet la création du premier centre d’enfouissement technique aux normes internationales sur l’île et son fonctionnement est financé, par l’usager, avec la création d’une redevance.

Qui sont les acteurs (partenaires et financeurs) ?
La Mairie de Cap Haïtien, l’Alliance française du Cap Haïtien, l’École française du Cap Haïtien, l’Hôpital justinien du Cap Haïtien, la Haitian Resource Development Found, l’INUJED Université du Cap Haïtien, la Mairie de Suresnes, l’Agence française de Développement (AFD), l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA), les Écoles et collèges suresnois, le Conseil Communal suresnois de la Jeunesse

Le projet en quelques mots

  • Les moyens de la municipalité lui permettent de maintenir une relative propreté dans la ville historique. En revanche, autour du centre historique, constitué principalement d’habitats informels, les déchets sont omniprésents et servent de remblais sur la mangrove et le front de mer pour créer de nouvelles zones d’habitat, augmentant les conditions d’insalubrité et les risques sanitaires et écologiques. Les ravines, curées de façon occasionnelle, ne jouent pas leur rôle d’évacuation des eaux pluviales, les inondations deviennent structurelles lors des épisodes de pluie tropicale occasionnant de graves dégâts matériels et souvent des pertes humaines.
  • Le projet GIDE vise la mise en place d’un circuit de collecte pérenne et la construction d’un Centre d’enfouissement technique (CET) porté par une intercommunalité, initié par les maires du Cap Haïtien, de Limonade et de Quartier Morin. La mairie du Cap Haïtien assurant la maîtrise d’ouvrage du projet, une enveloppe est dédiée au renforcement de ses capacités. La ville de Suresnes mobilise ses agents en appui-conseil sur cette composante autour de 3 axes : l’administration générale, la direction de la planification dont le service en charge de la propreté et la fiscalité pour permettre à la commune d’améliorer l’efficience et les capacités de gestion des compétences communales de manière pérenne.

Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

  • L’absence d’un schéma directeur national pour l’organisation du traitement des déchets ;
  • Le manque de cadres en mairie formés et de capacité financière endogène de la collectivité ;
  • L’absence de sécurisation foncière pour les infrastructures à construire ;
  • Une économie informelle existante à intégrer dans les parties prenantes du projet ;
  • La création d’un service public à la population qui se doit d’être pérenne ;
  • Les procédures et mesures d’atténuation des impacts des bailleurs de fonds qui ne sont pas toujours adaptées aux réalités locales notamment sur la prise en compte des activités informelles.

Les solutions apportées et les résultats obtenus

  • L’appui de la ville de Suresnes a permis d’apporter des préconisations au projet permettant :
    de suivre les procédures liées aux d’appels d’offre,
  • l’organisation régulière de tables sectorielles de concertation avec la société civile,
  • la définition d’un modèle économique pour le financement de la collecte et du traitement des déchets,
  • la modélisation pour la création d’une redevance basée sur la création d’un service public payé par l’usager, soutenable pour les populations,
  • la définition d’un modèle de gouvernance du traitement des déchets avec la création d’une structure intercommunale intégrant 3 communes,
  • la validation du plan stratégique de collecte et traitement des déchets,
  • l’élaboration d’un plan de communication et de sensibilisation auprès des populations,
  • le recrutement depuis mai 2015 d’une personne en charge de l’animation du territoire et de la démocratie de proximité,
  • une continuité dans le projet quelques soient les changements de maires.

Et aujourd’hui, quelles sont les suites prévues ?

  • Les études d’aménagement des points de regroupement sont en phase de lancement pour une ouverture du CET au 2ème semestre 2016. D’ici là, le dispositif opérationnel doit se mettre en place au sein des équipes du Cap Haïtien, nécessitant un accompagnement lié aux nouveaux métiers et nouvelles missions qui seront développés ;
  • Les matrices budgétaires pour le calcul de la redevance intègrent les coûts d’amortissement des infrastructures permettant l’autonomie de la collectivité vis-à-vis des bailleurs internationaux pour le renouvellement futur des infrastructures et équipements ;
  • En terme de projet inclusif, les informels qui vivent aujourd’hui des déchets, ont vocation à entrer dans le dispositif par un renforcement de leur compétence ;
  • La recherche de financement complémentaire pour la création d’une plateforme de compostage ;
  • Des contacts sont pris pour étudier la mise en place du “1% déchets”.

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Source/France Diplomatie
Photo/France Diplomatie/Archives
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