TEGUCIGALPA, Honduras – L’ancien président hondurien Juan Orlando Hernandez (2014-2022), visé par un mandat d’arrêt après une demande d’extradition des États-Unis, où il est accusé de trafic de drogue, s’est rendu à la police à Tegucigalpa.

Vêtu de bleu, l’ancien chef de l’État est sorti de sa résidence, située dans la capitale hondurienne. Il a été immédiatement équipé d’un gilet pare-balles et enchaîné aux poignets et chevilles par la police pour être conduit devant un juge, a constaté un photographe de l’AFP.

Le domicile de M. Hernandez était cerné par environ 600 policiers depuis lundi soir, lorsque la demande d’extradition de Washington a été transmise à la justice hondurienne.

Peu avant, un juge de la Cour suprême du Honduras avait lancé un mandat d’arrêt contre l’ex-chef de l’État. Le juge était chargé de décider s’il lançait un mandat d’arrêt, et celui-ci a été délivré, a déclaré le porte-parole de la Cour suprême, Melvin Duarte, lors d’une conférence de presse.

Je suis prêt et disposé à collaborer et à me rendre volontairement pour rencontrer le juge qui sera nommé par l’honorable Cour suprême afin que je puisse faire face à cette situation et me défendre, avait indiqué dans la matinée l’ancien président, dans un message audio.

M. Hernandez, 53 ans, désigné habituellement par ses initiales JOH, a quitté le pouvoir à l’issue de deux mandats à la tête du Honduras depuis 2014. Il a été remplacé le 27 janvier à la présidence par sa rivale de gauche, Xiomara Castro.

Son frère cadet et ancien député, Antonio « Tony » Hernandez, a été condamné en mars 2021 aux États-Unis à la prison à vie pour trafic de drogue. Les procureurs de New York soupçonnent JOH d’être son complice.

Des dizaines de personnes munies de banderoles ont célébré devant le domicile de M. Hernandez la demande d’extradition lancée par Washington. Dans d’autres villes du pays, des habitants sont descendus dans la rue avec en chantant Juancho va à New York!, en référence à un autre surnom de l’ex-président.

Vengeances
Un autre des proches de l’ancien chef d’État, Geovanny Fuentes Ramirez, a lui aussi été condamné à perpétuité la semaine dernière pour narcotrafic par le tribunal fédéral de Manhattan, à New York.

Durant le procès, les procureurs ont accusé JOH d’avoir aidé l’accusé à faire passer de la cocaïne aux États-Unis.

M. Fuentes Ramirez a lui-même affirmé pendant l’audience que le président Hernandez lui avait dit qu’ils allaient mettre la drogue dans les narines des gringos.

Jusqu’à présent, aucune inculpation formelle n’a cependant été prononcée contre JOH.

L’ancien chef d’État a rejeté toutes les accusations qu’il a qualifiées de vengeances, et il a affirmé avoir fait arrêter et livrer aux États-Unis de nombreux narcotrafiquants.

Depuis la fin de son mandat, M. Hernandez est membre de droit du Parlement d’Amérique centrale, un privilège dont bénéficient tous les anciens chefs d’État de la région après avoir quitté le pouvoir.

Selon plusieurs analystes interrogés par l’AFP, le Parlement d’Amérique centrale confère à ses membres la même immunité dont bénéficient les députés dans chacun des pays. Or, il n’y a pas d’immunité pour les députés au Honduras.

Par ailleurs, cette immunité peut être levée à la demande des gouvernements nationaux.

Au Honduras, JOH est aussi accusé par ses adversaires politiques de corruption dans le cadre de contrats d’infrastructures et de fournitures pour lutter contre la pandémie de coronavirus.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a révélé le 7 février que M. Hernandez figurait, depuis le 1er juillet 2021, sur une liste de personnes accusées par les États-Unis de corruption ou d’atteintes à la démocratie en Amérique centrale.

JOH a commis ou facilité des actes de corruption et de narcotrafic, et utilisé des gains de ces activités illicites pour des campagnes politiques, avait affirmé M. Blinken.

Un mois avant l’élection de novembre, JOH avait signé un accord frontalier surprise avec son homologue nicaraguayen, Daniel Ortega, lors d’une visite éclair à Managua qui avait éveillé les soupçons.

MM. Hernandez et Ortega maintiennent de bonnes relations, et le Nicaragua est un pays où se réfugient fréquemment les hommes politiques d’Amérique centrale recherchés par la justice pour éviter toute extradition vers leur pays ou les États-Unis.

Source/AFP
Photo/Los Angeles Times
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