NEW YORK, NY – Allocution du Président de la République S.E. M Jovenel Moïse à Concordia Annual Summit 2018 En marge de la 73ème SESSION O…

Mesdames, Messieurs,

Je remercie les organisateurs du Sommet Annuel Concordia de m’avoir invité à présenter les dispositions prises par la République d’Haïti en vue de se préparer aux désastres, particulièrement les initiatives locales de mitigation et d’adaptation afin d’augmenter la résilience du peuple haïtien face à ces phénomènes.
Je profite de l’occasion pour féliciter les responsables de Concordia pour leur leadership remarquable dans l’organisation de cet événement.
Le gouvernement Haïtien renforce graduellement la gouvernance en matière de Gestion des Risques et Désastres. En ce sens :

• Le Gouvernement a élaboré un cadre légal pour le renforcement du Système National de Gestion des Risques et Désastres et la promotion de la Direction de la Protection Civile en Direction Générale de Protection Civile ;

Haïti dispose d’une stratégie intersectorielle de surveillance pour réduire sa vulnérabilité aux désastres et catastrophes naturelles. Cinq (5) stations hydrométéorologiques ont été installées dans le lit de cinq (5) grandes rivières du pays ainsi que sept (7) stations sismologiques placées le long des failles majeures et mineures, du Sud et du Nord.

• La recherche est encouragée dans le domaine de la réduction des risques de catastrophes tant sur le plan scientifique que sur le plan opérationnel.
• La population devient de mieux en mieux préparée, depuis le séisme du 12 janvier 2010.
• Un appui considérable est donné à l’application de la stratégie sur les risques sismiques adoptée en Haïti en 2011.
• Le renforcement de certaines institutions techniques clés, comme le Centre National de l’Information Géo-spatiale, le Laboratoire National du Bâtiment et des Travaux Publics et le Bureau des Mines et de l’Énergie, à travers l’Unité technique de Sismologie permet au pays de disposer de l’information géographique actualisée et des données fiables en temps réel.

Le Système National de Gestion des Risques et Désastres privilégie de plus en plus l’approche multirisque, ainsi que l’établissement d’un forum de dialogue entre les ministères, la société civile et le secteur privé afin d’assurer la cohérence de la politique de gestion des risques et des désastres dans les plans et les programmes de développement.

Mesdames, Messieurs,

La politique environnementale de la République d’Haïti inclut un vaste programme d’électrification nationale à l’aide des sources énergétiques propres : solaire, éolienne, hydroélectrique et biomasse. En effet, Haïti est une terre abondamment ensoleillée. Dans les collectivités les plus reculées, le gouvernement Haïtien encourage la création de micro-réseaux électriques, à base de sources d’énergie propres. Un projet pilote pour une petite communauté à l’extrême sud du pays jumelant à la fois : le solaire, l’éolienne, le thermique permet d’envisager la reconversion totale de la matrice énergétique utilisant exclusivement les sources d’énergie propre.

Aussi, le gouvernement Haïtien entreprend un vaste programme de reforestation du pays. Il investit actuellement dans la mise en place de 14 Centres de Germoplasme de propagation végétale forestière et fruitière. Déjà, en moins de deux années, trois centres de Germoplasme, capables de produire chacun 4,5 millions de plantules par année, fonctionnent ; trois autres sont actuellement en construction.
Pour mieux sensibiliser les citoyens, le reboisement est maintenant en train d’être intégré dans le cursus scolaire Haïtien. A partir de l’exercice scolaire 2018-2019, l’activité de reboisement est obligatoire dans le programme du système éducatif haïtien. Chaque écolier Haïtien devra mettre en terre au moins 100 plantules durant l’année scolaire.

De même, à moyen terme, une brigade de 600 Agents environnementaux communaux sera déployée à travers Haïti. L’objectif majeur de cette politique est d’inciter les citoyens à adopter des comportements responsables face aux défis environnementaux et écologiques auxquels le pays est exposé.

Mesdames, Messieurs,

Les Changements Climatiques sont considérés comme une véritable menace pour l’existence même du territoire Haïtien, qui figure parmi les espaces les plus vulnérables aux catastrophes naturelles. A preuve, l’ouragan Matthew, de catégorie 4, qui a frappé le pays en Octobre 2016, dans quatre (4) de ses dix (10) Départements, a occasionné 2,78 milliards de dollars de dommages et de pertes, soit plus de 20% du Produit Intérieur Brut ; des centaines de morts ; et 1,4 millions de personnes sinistrées et des dégâts écologiques inestimables.

Force est de constater que, malgré les efforts aux niveaux central et local de l’État pour accroître la résilience indiscutable du Peuple Haïtien, les changements climatiques hypothèquent un ensemble de droits humains comme le droit à la vie, le droit à une nourriture adéquate, le droit à l’eau potable, le droit à la santé et au logement, en particulier pour les groupes les plus vulnérables.

C’est pourquoi, le gouvernement haïtien a été très engagé dans les négociations ayant débouché sur l’Accord de Paris sur le Climat de 2016. Nous devons donc nous atteler, TOUS, à créer les conditions propices à une mise en œuvre le plus rapide que possible de l’Accord de Paris.
S’agissant de la région des Caraïbes, compte tenu de l’importance de la coopération régionale pour la gestion des risques et de désastres, le gouvernement Haïtien appelle au renforcement des capacités de l’Agence Caribéenne pour la Gestion des Catastrophes, une instance qui assiste les structures nationales à capacité limitée dans le domaine de la gestion des risques et désastres.
Aussi, dans cet ordre d’idées, le régime de la Caribbean Risk Insurance Facility (CRIF) a montré ses sévères limitations. Par exemple, quand, en 2017, à l’instar d’Haïti après Mathieu en 2016, certains pays frères de la Caraïbe orientale furent dévastés par les Ouragans Irma et Maria, l’apport du CRIF ne leur a pas permis de se relever. Il faut envisager un mécanisme supplémentaire au CRIF qui permettra de mieux complémenter les ressources nationales dans la phase de relèvement post désastre.
De même, le Fonds vert pour le Climat mérite d’être redynamisé. Des procédures doivent être allégées pour permettre un meilleur encadrement des pays les plus vulnérables.

Aussi, je ne raterai pas une seule occasion pour rappeler que ces pays insulaires contribuent très peu à l’émission de gaz à effets de serre, tandis qu’ils en subissent sévèrement les conséquences. Ceci ne fait qu’amplifier le niveau de leur vulnérabilité.

Mesdames, Messieurs,

A l’endroit des sceptiques du dérèglement et du réchauffement climatiques, la République d’Haïti, en mon nom, rappelle que nous, Peuples de cette Planète, n’existons donc pas de façon atomisée, en toute sécurité, protégé dans nos îlots de confort. Nous sommes tous exposés aux aléas des désastres et des catastrophes naturelles. Nous devons être solidaires face au déchaînement des forces de la Nature venues nous rappeler à l’humilité en raison de la fragilité de l’être.

Comme le dit l’adage,

“Act locally! Think globally!” We all live on the same Planet! As
far as we know, there is no refuge elsewhere!

Thank you very much!