WASHINGTON DC – À 12 jours de la fin de sa présidence, Donald Trump s’est vu présenter un choix qu’un seul de ses prédécesseurs avait affronté : la démission ou la mise en accusation par la Chambre des représentants.
La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a formulé cette alternative vendredi dans une lettre où elle a rappelé le rôle de républicains dans la décision du président Richard Nixon de démissionner en août 1974, à la veille de sa mise en accusation pour le scandale du Watergate.
« Aujourd’hui, à la suite des actes dangereux et séditieux du président, les républicains du Congrès doivent suivre cet exemple et demander à M. Trump de quitter son poste – immédiatement », a écrit la chef des démocrates de la Chambre. « Si le président ne quitte pas son poste de manière imminente et volontaire, le Congrès poursuivra son action. »
La sénatrice républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski n’a peut-être pas la stature d’un Barry Goldwater, qui avait réussi à convaincre Richard Nixon de quitter la Maison-Blanche. Mais elle est devenue vendredi la première de son camp au Sénat à réclamer le départ de Donald Trump.
En privé, Donald Trump a fait savoir à son entourage qu’il n’avait nullement l’intention d’imiter Richard Nixon.
Aussi les démocrates de la Chambre devront-ils probablement passer à l’action. Dès lundi, ils pourraient présenter des articles d’« impeachment », dont l’un accuserait Donald Trump d’« incitation à l’insurrection » à la suite de l’assaut contre le Capitole, qui a fait deux morts, dont un policier qui aurait été tué à coups d’extincteur de fumée. Un vote sur la deuxième mise en accusation du 45e président pourrait intervenir au milieu de la semaine prochaine.
Rien ne garantirait cependant que le Sénat voudrait donner suite à une procédure de destitution contre Donald Trump à quelques jours seulement de la fin de sa présidence. Les démocrates, faut-il préciser, ne seront pas majoritaires à la Chambre haute du Congrès avant le 20 janvier.
Trump n’ira pas à l’investiture de Biden
En attendant, Donald Trump a annoncé vendredi sur Twitter qu’il n’assisterait pas à l’investiture de Joe Biden. Il deviendra ainsi le premier président depuis Andrew Johnson (1865-1869) à bouder cet évènement qui couronne la passation pacifique des pouvoirs aux États-Unis. Il devrait s’envoler pour Mar-a-Lago, sa résidence de Floride, le 19 janvier.
Joe Biden avait déjà exprimé le souhait que Donald Trump soit présent parmi les spectateurs pour envoyer le bon message à son pays et au monde. Les évènements des derniers jours et des dernières semaines l’ont fait changer d’idée à ce sujet.
« C’est une bonne chose, le fait qu’il ne viendra pas », a déclaré le président désigné lors d’un point de presse suivant la présentation des derniers membres de son équipe économique.
« Il a dépassé les pires idées que j’avais sur lui », a-t-il ajouté en faisant allusion au rôle de Donald Trump dans l’assaut du Capitole par ses partisans.
Joe Biden s’est gardé d’appuyer publiquement le projet des démocrates d’ouvrir une nouvelle procédure de destitution contre Donald Trump. « C’est au Congrès de prendre cette décision. Je suis concentré sur mon travail », a-t-il dit.
Mais un de ses proches conseillers, l’ancien représentant démocrate de Louisiane Cedric Richmond, a fait savoir à ses anciens collègues que le président désigné était d’accord avec leur démarche.
Au moins un sénateur républicain s’est dit ouvert à l’examen éventuel des articles d’« impeachment » adoptés par la Chambre.
« Je crois que le président a manqué à son serment d’office », a déclaré le sénateur du Nebraska Ben Sasse sur CBS. « Il a juré au peuple américain de préserver, protéger et défendre la Constitution. Il a agi contre cela. »
Son collègue républicain du Tennessee, Bob Corker, s’est dit opposé à une procédure de destitution.
« Cela pourrait le renforcer aux yeux de ses supporteurs en faisant de lui un martyr », a-t-il dit sur CNN.
« Un président instable »
Dans sa lettre aux membres de la Chambre, Nancy Pelosi a également évoqué son échange avec le chef d’état-major des armées Mark Milley concernant Donald Trump et les codes nucléaires des États-Unis. Elle a dit avoir discuté avec lui « des précautions disponibles pour empêcher un président instable de lancer des hostilités militaires ou d’accéder aux codes de lancement et d’ordonner une frappe nucléaire ».
La Maison-Blanche n’a pas réagi à cette attaque extraordinaire contre Donald Trump et ses pouvoirs. Mais elle s’est insurgée contre le projet des démocrates d’ouvrir une deuxième procédure de destitution en moins de 15 mois.
« Comme l’a dit [jeudi] le président Trump, l’heure est à la guérison et à l’unité », a déclaré Judd Deere, porte-parole de la Maison-Blanche, en référence à une vidéo que le président a publiée sur Twitter et dans laquelle il a admis pour la première fois sa défaite électorale et dénoncé la violence au Capitole.
« Une mise en accusation pour des raisons politiques contre un président à 12 jours de la fin de son mandat ne fera que diviser davantage notre grand pays », a ajouté le porte-parole.
Source/La Presse
Photo/Archives
www.anmwe.com