Washington DC – Raillée par le président Donald Trump, la sénatrice démocrate du Massachusetts Elizabeth Warren a publié lundi les résultats de tests génétiques suggérant qu’elle était de descendance autochtone. Un geste qui pourrait signaler plus clairement son intérêt pour la course présidentielle de 2020.

Les tests rendus publics font état de « preuves solides » que la politicienne a des racines autochtones remontant de 6 à 10 générations, selon le généticien renommé Carlos Bustamante, de l’Université Stanford, qui a effectué l’analyse d’ADN.

Son rapport suggère qu’elle serait Amérindienne à 1/64, voire à 1/1024 si cela remonte à 10 générations, souligne le Boston Globe, auquel la sénatrice a fait parvenir ses résultats génétiques.

La sénatrice, figure de l’aile gauche du Parti démocrate, a aussi mis en ligne une vidéo sur le sujet dans une tentative visant à désamorcer la contestation de son héritage autochtone. La remise en question de ses origines autochtones pourrait nuire à une éventuelle candidature pour le plus haut poste du pays.

En juillet dernier, Donald Trump, qui se moque régulièrement d’elle lors de ses rassemblements partisans et qui la surnomme « Pocahontas », a promis de verser 1 million de dollars à son association caritative préférée si elle se soumettait à un test prouvant qu’elle était autochtone. Il s’était dit certain qu’elle refuserait.

Le président l’a accusée de multiples fois d’avoir menti sur ses origines pour aider sa carrière de professeure de droit, des attaques reprises par certains républicains.

Elizabeth Warren s’en défend farouchement, en s’appuyant dans sa vidéo sur les témoignages devant la caméra de plusieurs de ses anciens employeurs et ex-collègues vantant sa compétence.

Le Boston Globe écrit également avoir trouvé des « preuves évidentes » démontrant que son héritage autochtone n’a en aucun moment été pris en considération pour les postes qu’elle a occupés à la Faculté de droit de l’Université Harvard ou dans d’autres universités.
« Donald Trump, […] envoyez le chèque »

La sénatrice Warren s’est tournée vers Twitter pour demander au président d’envoyer le million promis à une ONG qui protège les femmes amérindiennes, dont « plus de la moitié ont déjà subi des violences sexuelles ».

« On s’en fout, on s’en fout, a réagi Donald Trump dans les jardins de la Maison-Blanche, niant s’être engagé à verser de l’argent. Je n’ai pas dit ça, vous feriez mieux de relire [ce que j’ai dit] », a-t-il lancé aux journalistes.

Plus tard, il a affirmé s’être engagé à verser cette somme uniquement dans l’éventualité où la sénatrice Warren débattrait avec lui après avoir remporté l’investiture démocrate, et qu’il ne le ferait que s’il pouvait lui faire « personnellement » passer le test génétique.

J’espère qu’elle va se présenter à la présidence parce que je pense qu’elle serait très facile à battre. Elle détruirait le pays, elle convertirait notre pays en Venezuela.Donald Trump, président des États-Unis

Candidate à sa réélection au Sénat le 6 novembre prochain, Elizabeth Warren a déclaré qu’elle examinerait « très attentivement » la possibilité de briguer la présidence une fois les élections de mi-mandat terminées.

La démarche de l’élue démocrate semble être une stratégie pour se protéger des attaques des républicains, mais aussi de possibles rivaux de son parti lors d’une éventuelle campagne à l’investiture démocrate, puis une campagne présidentielle.

Donald Trump ridiculise souvent ses opposants en les affublant de surnoms, mettant même en avant des théories du complot.

Avant son entrée en politique, il a par exemple remis en question le fait que Barack Obama était né aux États-Unis, et donc sa légitimité comme président. Le chef d’État démocrate avait plus tard rendu public son acte de naissance, prouvant qu’il était né à Hawaï.

Une démarche contestée

Un porte-parole de la nation cherokee a qualifié le geste de la sénatrice d’« inutile », ajoutant que les tests génétiques ne fournissaient « pas de preuves d’affiliation à une tribu ». « L’utilisation d’un test d’ADN pour revendiquer un lien quelconque avec la nation cherokee ou toute autre nation tribale, même de façon vague, est inappropriée et erronée », a déclaré par communiqué le secrétaire d’État de la nation cherokee, Chuck Hoskin Jr.

Dans sa vidéo, Elizabeth Warren reconnaît d’ailleurs qu’elle ne fait partie d’aucune tribu et que « seules les tribus déterminent la citoyenneté ».
Un des anciens directeurs de campagne de Barack Obama, Jim Messina, s’est pour sa part interrogé sur Twitter sur l’opportunité de la démarche de Mme Warren, à trois semaines des élections de mi-mandat. « Pourquoi les démocrates sont-ils incapables de ne pas perdre de vue [ce qui compte]? » a-t-il déploré.

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Source/Radio-Canada
Photo/Archives
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