Equivalence de produits en Bolivars

CARACAS, Vénézuéla – La crise politique au Vénézuéla est née d’un changement draconien dans le pouvoir d’achat de la classe moyenne, selon Jean-François Mayer, professeur de sciences politiques à l’Université Concordia et codirecteur de l’Équipe de recherche interuniversitaire sur l’inclusion et la gouvernance en Amérique Latine.

«Depuis quelques années, on voit l’effondrement de la classe moyenne. En un an, le taux d’inflation a monté de 1,3 million %. La monnaie ne vaut plus rien», a lancé le professeur au micro de Jonathan Trudeau sur les ondes de QUB radio.

Les prévisions pour la prochaine année ne sont pas plus réjouissantes. «Le taux d’inflation prévu est de 10 millions % pour la prochaine année», a ajouté M. Mayer.

Au quotidien, ça se traduit par des pénuries d’objets utilitaires et un soulèvement populaire. «Ça frappe l’imaginaire», a assuré Jean-François Mayer. «Il y a une pénurie de papier de toilette chez des gens qui se croyaient tout de même riches.»

Juan Guaido s’est autoproclamé mercredi «président» par intérim, alors que le président vénézuélien Nicolas Maduro est cité comme principal responsable de la crise actuelle.

Au décès d’Hugo Chavez en 2013, Maduro fut nommé par le défunt comme successeur. «Maduro était son chauffeur privé, et il n’était pas bien implanté sur la scène politique», a expliqué M. Mayer.

Et comment fait-on pour passer de chauffeur du président à président? «Quand Chavez est arrivé au pouvoir à la fin des années 90, il a été élu démocratiquement», a rappelé M. Mayer. «À la fin des années 2000, c’était devenu de plus en plus autoritariste au Venezuela. Ce ne sont pas des pratiques démocratiques que l’on voit désormais. Chavez l’a simplement choisi, car il avait confiance en lui.»

Juan Guaido, âgé de seulement 35 ans, est une personne rassembleuse qui a réussi à bien saisir ce dont le peuple avait besoin, selon Jean-François Mayer. «La déclaration durant laquelle il s’est autoproclamé président par intérim est arrivée au bon moment», a dit M. Mayer. «Trump a commencé à tweeter que les États-Unis allaient appuyer les changements politiques là-bas. Il y a un soulèvement populaire et aussi une division commence à se faire sentir au sein de l’armée.»

Même si plusieurs pays ont choisi leur camp en appuyant Guaido ou Maduro, Jean-François Mayer ne craint pas qu’un conflit international émerge de la situation. «Je crois que l’armée va intervenir et démettre Maduro de ses fonctions avant qu’une guerre civile n’éclate», a-t-il précisé

Source/Journal de Montréal

Photo/Archives

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