Madame Prophète,

J’ai été sidéré d’entendre vos commentaires sur mon livre “les Non-Dits de l’Affaire Guy Philippe” sur Magic 9 le lundi 24 Juillet 2017. Au cours de l’émission, vous avez confié à vos auditeurs votre incompréhension du succès du livre qui, selon vous, était un ramassis d’articles. Ces commentaires ne me laissent aucun choix que celui d’éclairer l’opinion sur l’inavouable mobile derrière votre attaque malhonnête.

D’abord, votre déficit d’éthique et d’honnêteté est inouï, même dans un pays comme Haïti. Comment pouvez-vous être à la fois critique littéraire —tâche à laquelle vous êtes extrêmement médiocre— et directrice du Bureau Haïtien des Droits d’Auteur ? Vous n’y voyez aucun conflit d’intérêt ? Vous vous lancez sur les ondes à des vendettas contre les mêmes auteurs dont vous devez protéger les intérêts, et vous trouvez cela normal. Tout comme vous aviez trouvé normal de confier la direction des relations publiques du BHDA à une parente, ce qui fait que votre famille occupait 40% des postes de direction à un bureau qui aurait dû prêcher l’honnêteté par l’exemple. Vous avez poussé le népotisme jusqu’à lister cette parente en deuxième position sur le site internet de l’organisation (elle y est encore même après avoir accepté un poste à la BRH – la diligence ne semble non plus figurer au nombre de vos qualités) avant d’autres directeurs occupant des fonctions de loin plus importantes que celle qu’elle occupait. A ce rythme, vous ne risquez pas de mourir d’un excès de probité.

J’insiste beaucoup sur votre absence de probité parce que c’est à elle que nous devons cette sortie spectaculaire que vous avez effectuée contre moi lundi dernier. Certains des auditeurs qui vous écoutaient innocemment croyaient entendre l’avis sincère d’une critique littéraire désireuse de les éclairer sur l’ouvrage. Cependant, vous et moi savons qu’il n’en est rien. Vous m’avez pris pour cible pour régler un différend personnel, à la place de celui qui n’a pas eu les couilles de s’en prendre à moi personnellement. C’est pourquoi vos commentaires ont des relents d’une masculinité peureuse. A vouloir porter le pantalon pour les hommes de votre entourage, vous allez finir par les émasculer complètement. Cela dit, parlons de l’ouvrage.

J’ai remarqué que vous aviez du mal à le catégoriser. Je me propose de vous aider. Le genre, c’est la chronique judiciaire. Cependant, contrairement aux livres du genre qui se bornent généralement à raconter ce qui s’est passé au tribunal parce qu’ils sont écrits par de simples reporters non rompus aux subtilités du droit, mon livre recèle une richesse de connaissances sur le droit américain, et je vais vous dire pourquoi. D’abord, je détiens un doctorat en droit de la FIU où j’ai fait partie de cette équipe sélective de plaidoirie qui en a fait voir de toutes les couleurs aux autres écoles de l’état de Floride au cours des compétitions interuniversitaires. Ensuite, j’ai écrit l’ouvrage dans l’objectif de jeter un éclairage édifiant sur la législation américaine qui s’applique aux remises extraordinaires (dont Guy Philippe a été l’objet) au bénéfice non seulement des parlementaires, avocats, étudiants en droit et en sciences politiques, mais aussi de la presse et du public en général. Les remises extraordinaires affectent Haïti profondément, et tout citoyen engagé se doit d’en comprendre la nature pour qu’à l’avenir, la coopération d’Haïti avec les Etats-Unis puisse se faire dans le respect de la loi.

La qualité de mon travail de recherche a été reconnue par les avocats, tant en Haïti que dans la diaspora floridienne. Je vous dispenserai du feedback que j’ai reçu de vrais critiques littéraires de loin mieux formés que vous, sur la qualité du livre. A travers l’ouvrage, j’aide le lecteur à comprendre le processus de mise en accusation aux Etats-Unis, le traitement réservé aux parlementaires étrangers par les tribunaux américains, les fondements du droit à un procès rapide, les implications du plaidoyer de culpabilité aux Etats-Unis. Avant la publication du livre, j’ai entendu plusieurs avocats haïtiens de renom dénoncer, à raison, le caractère illégal de l’arrestation de Guy Philippe. A travers le livre, je mets à leur disposition les documents pouvant les aider à étayer cette thèse, puisque ces documents étaient seulement disponibles au greffe du tribunal fédéral du Sud de Floride.

Vous dites que le livre est un ramassis d’articles. Là, vous étalez misérablement, une fois de plus, votre mauvaise foi et vos limites. J’ai écrit dans le quotidien Le National sept articles totalisant moins de vingt pages sur l’affaire Guy Philippe. Le livre compte 150 pages. Vous auriez dû expliquer à vos malheureux auditeurs par quelle magie j’ai pu transformer une dizaine de pages en 150. Ensuite, il est pratique courante dans tous les pays que des reporters ou des éditorialistes compilent leurs articles en un ouvrage. Ce sont des ouvrages à part entière et les vrais critiques littéraires ne trouvent rien à en redire. Cependant, au risque de vous décevoir, mon livre est d’un autre genre. Ce n’est jamais une bonne idée de critiquer un livre sans l’avoir lu.

Je vous dirai enfin, madame, qu’après vous avoir entendue à la radio, mon premier réflexe était d’appliquer à vos propos le mépris que je réserve généralement aux fossoyeurs de la nation qui, pour défendre leurs propres intérêts, profitent de l’ignorance de la majorité pour détruire l’image de gens pouvant offrir quelque chose à ce pays. Cependant, depuis quelque temps, j’ai compris que c’est le silence des gens honnêtes qui a permis l’émergence de cette racaille qui occupe tous les espaces et pollue les ondes à n’en plus finir. Je vous adresse donc cette note non pas pour me défendre, puisque ceux qui ont lu le livre, à moins d’être comme vous, ne sauraient être de votre avis, mais parce que depuis quelque temps, j’ai décidé de ne plus garder le silence face au monstre dont a accouché l’alliance de la bêtise à la méchanceté.

Frandley Denis Julien

Anmwe
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