BRUXELLES, Belgique – Mercredi 8 juin, la chef de la diplomatie européenne Frederica Mogherini, a mis un terme à la mission d’observation électorale de l’UE. Cette décision fait suite à l’annulation par la commission électorale du premier tour de l’élection présidentielle du 25 octobre 2015.
L’Union européenne n’a pas apprécié la décision prise fin mai par la commission électorale haïtienne d’annuler le premier tour de l’élection présidentielle du 25 octobre 2015. D’autant que les observateurs européens avaient conclu que ces élections avaient été « globalement conformes aux normes internationales », et les résultats initiaux « doivent être conservés ».
Un avis partagé par les États-Unis. « Le peuple haïtien mérite d’avoir sa voix entendue, pas reportée », a déclaré le porte-parole du département d’État Mark Toner.
« Un coup d’État électoral »
Lors de la présidentielle, le candidat du pouvoir Jovenel Moïse avait recueilli 32,76 % des voix contre 25,29 % pour Jude Célestin. Face aux contestations, le second tour de scrutin, initialement prévu le 27 décembre, a été reporté deux fois, obligeant l’instauration, en février, d’un pouvoir de transition dans le pays, suite au départ sans successeur élu, du président Michel Martelly.
En Haïti, les résultats du scrutin de ce premier tour de la présidentielle font toujours l’objet d’une forte contestation par l’opposition, qui avait condamné un « coup d’État électoral » au profit de l’ancien président Michel Martelly.
Pour sortir de cette crise politique, une commission indépendante d’évaluation a étudié les documents électoraux pendant un mois, travail à l’issue duquel elle a recommandé fin mai l’annulation du vote. Son président François Benoit a expliqué qu’il était notamment impossible de retracer l’origine de 40 % des votes.
De nouvelles élections prévues
Plus de sept mois après la tenue du scrutin et suivant la recommandation de la commission d’évaluation, le conseil électoral provisoire a annoncé lundi 6 juin la réorganisation complète de la présidentielle, le 9 octobre prochain et le 8 janvier 2017.
Et le pays est depuis plongé dans une crise politique majeure. Dans l’intervalle, c’est l’ancien président du Sénat Jocelerme Privert, favorable au candidat arrivé en deuxième position, Jude Célestin, qui assure la présidence provisoire.
La situation politique de « La perle des Antilles » reste très incertaine. Selon Éric Sauray, avocat et enseignant à l’université Paris 13, spécialiste de la politique haïtienne, personne n’est capable de dire si le scrutin aura bien lieu.
« Un véritable gâchis »
« La population, peu informée, n’adhère pas au nouveau calendrier. Il s’agit d’une solution brutale, prise par ceux qui ont perdu le premier scrutin, et qui ne résout rien, explique-t-il. Malgré la supervision et le financement par les Occidentaux, personne ne sait ce qu’il s’est vraiment passé le 25 octobre 2015 et quels sont les résultats, c’est un véritable gâchis ». La crise politique en Haïti pourrait encore durer.
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Hugo Cailloux
Source/La Croix
Photo/Archives
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