MIAMI, Fl – Dans le cadre du lancement du partenariat pour la résilience États-Unis-Caraïbes, le secrétaire d’État adjoint John J. Sullivan s’est rendu au siège du commandement Sud des États-Unis à Miami, en Floride, du 11 au 12 avril, pour l’organisation d’une réunion de travail avec des ministres et des responsables de la gestion des catastrophes issus de 18 pays des Caraïbes, y compris Haïti.

Ce nouveau rendez-vous avec des ministres de la région des Caraïbes, quelques semaines à peine après le minisommet de Mar-a-Largo, se veut une nouvelle initiative américaine de collaboration visant à renforcer les capacités régionales d’intervention et à promouvoir la résilience face aux catastrophes.

Durant ces deux journées de travail, les dirigeants caribéens et américains ont examiné de nouvelles possibilités de collaboration pour renforcer les capacités de préparation et d’intervention dans la région.

Ainsi, le partenariat implique une meilleure compréhension du risque tout en favorisant l’action via le partage d’informations météorologiques et la cartographie des ondes de tempête, la mise à disposition des pays de la Caraïbes des technologies spatiales pour la réduction des risques et l’amélioration de la résilience ainsi que la surveillance des risques terrestres.

De plus, le partenariat vise la construction de communautés plus résilientes ainsi que l’amélioration de la réponse aux catastrophes via la coordination et la formation civilo-militaire ainsi que l’expansion de la coopération dans l’aviation civile avec les Caraïbe en temps de catastrophe.

Le ministre haïtien des Affaires étrangères, Bocchit Edmond, rencontré sur place, quelques minutes après la clôture, s’est montré très satisfait du déroulement de la réunion et aussi des discussions ayant abouti sur une déclaration d’intention dont le but est de porter une assistance logistique aux nations caribéennes, particulièrement en cas de désastre naturel.

« Un des points que j’ai fait valoir est surtout la nécessité pour les États-Unis de continuer à travailler avec Haïti notamment dans le processus de remobilisation de l’armée », a confié le chancelier haïtien dans une interview exclusive accordée à Le Nouvelliste.

« L’armée que veut remobiliser le président Moïse n’est pas l’armée traditionnelle que nous avions connue dans le temps. C’est une armée qui sera dédiée à une série de tâches spécifiques comme la protection des frontières, assistance post-désastre naturel », a tenu à préciser Bocchit Edmond, expliquant avoir transmis aux officiels américains l’importance pour Haïti de recevoir ce genre de contribution des États-Unis vu que la PNH en elle-même n’a ni cette mission ni cette capacité.

« Nous avions insisté pour voir dans quelle mesure nos jeunes ingénieurs militaires puissent participer à des entrainements qui ont lieu dans la région des Caraïbes dans le cadre des préparations pour faire face aux désastres naturels », a poursuivi le ministre Edmond, estimant que la participation des forces armées d’Haïti aux entrainements des autres forces armées de la région peut se révéler utile dans la gestion post-désastre naturel dans le pays.

À en croire le département d’État américain, l’organisation de cette réunion ministérielle par le secrétaire adjoint Sullivan « avec nos voisins des Caraïbes, avec l’appui d’une large coalition du gouvernement américain, permettra de réaffirmer le ferme engagement des États-Unis aux côtés des pays des Caraïbes ».

« Cet événement renforce les liens étroits entre les États-Unis et les Caraïbes et leur engagement commun à renforcer la sécurité, la prospérité et la résilience régionale face aux catastrophes », souligne le Département d’État américain précisant également que cette initiative fait partie de la stratégie pour un engagement accru des États-Unis dans les Caraïbes.

Cette stratégie États-Unis – Caraïbes 2020 identifie les priorités du Département d’État et de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) concernant la coopération des États-Unis avec la région des Caraïbes dans les domaines de la sécurité, de la diplomatie, de la prospérité, de l’énergie, de l’éducation et de la santé.

Par exemple, en ce qui concerne l’énergie, cette stratégie prévoit que « les exportations de gaz naturel américain et l’utilisation de technologies d’énergie renouvelables aux États-Unis offriront une alternative moins coûteuse et plus propre au mazout lourd et réduiront la dépendance à l’égard du Venezuela ».

Décrite par la diplomatie américaine comme la «troisième frontière» des États-Unis, la région des Caraïbes représente un partenariat économique dynamique qui a enregistré un excédent commercial de 4,6 milliards de dollars pour le puissant voisin nord-américain, 14 millions de visites touristiques et 11 042 étudiants des Caraïbes qui étudient sur le sol américain.

À la question de savoir si cette stratégie est une réponse aux offensives chinoises dans la région, le secrétaire d’État adjoint John Sullivan a répondu sèchement qu’il s’agit tout simplement d’une politique de bon voisinage et que les Etats-Unis se doivent d’être aux côtés de ses plus proches voisins pour partager avec eux son expérience entre autres dans la gestion des catastrophes naturelles.

Ces vingt dernières années, Haïti n’a pas été épargné par les catastrophes qui ont toutes eu des impacts néfastes sur l’économie et le développement du pays : cyclone Georges (1998) ; cyclone Jeanne (2004) ; Hanah et Ike (2008) ; tremblement de terre (2010) ; cyclone Sandy (2012) et ouragan Matthew (2016).

Au-delà du lancement de ce nouvel accord sur la résilience entre les États-Unis d’Amérique et certains pays de la Caraïbe, un juge fédéral de New York, William F. Kuntz, a empêché jeudi l’administration Trump de mettre fin au TPS pour les Haïtiens.

Interrogé sur la question, le ministre Edmond reconnait que « la décision du juge est une bonne chose ».

« Du côté du Congrès américain, nous continuons de faire du lobbying en ce sens […] Nous pensons que ce sont des compatriotes qui apportent leur contribution à l’économie américaine, la société américaine », a déclaré Bocchit Edmond assurant que Port-au-Prince est en train de faire tout son possible pour que l’administration américaine révise sa position sur se dossier.

Outre la délégation d’Haïti, de hauts dirigeants de dix-sept pays des Caraïbes ont pris part à cette réunion de deux jours : Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, la Barbade, le Belize, la Dominique, la République dominicaine, la Guyane, la Grenade, la Jamaïque, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, le Suriname, Trinité-et-Tobago et les îles néerlandaises d’Aruba, Curaçao et Saint Maartin. L’Agence caraïbe pour les secours d’urgence en cas de catastrophe naturelle et le système de sécurité régional y étaient également représentés.

Du côté américain, de hauts responsables du commandement Sud des États-Unis, de l’Agence américaine pour le développement international, de Federal Emergency Management Agency, de Federal Aviation Administration, de Federal Communications Commission, de National Oceanic and Atmospheric Administration, de National Aeronautics and Space Administration, du département de l’Énergie, de Inter-American Foundation, et de US Geological Survey ont assisté à cette conférence ministérielle.

Source/Le Nouvelliste

Photo/Le Nouvelliste

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