NEW YORK, NY – Le ministre des Affaires étrangères, qui assurait que tout était globalement sous contrôle le 26 septembre, s’est fait, ce 17 octobre 2022, le porte-parole d’un peuple qui crie sa détresse, qui ne vit pas mais survit.

« J’ai la délicate mission de porter, devant le Conseil de sécurité, le cri de détresse de tout un peuple qui souffre et de dire, à haute et intelligible voix, que les Haïtiennes et les Haïtiens ne vivent pas. Ils survivent. Je parle au nom des 4 millions d’enfants qui n’ont pas pu aller à l’école à cause de la violence des gangs. Je parle aussi au nom des femmes et filles violées et des innocents assassinés », a dit le chancelier Généus qui en a profité pour exprimer la « profonde gratitude » du Premier ministre Henry « pour la célérité avec laquelle ils se sont penchés sur le dossier d’Haïti et leur engagement à nos côtés, dans la lutte contre les gangs armés et leurs commanditaires qui terrorisent la population ».

« Depuis le 12 septembre, la situation a dangereusement évolué vers la détérioration. Des évènements malheureux et regrettables sont enregistrés chaque jour : pertes de vies humaines, kidnappings, destruction de biens publics et privés, viols, vols, pillages, menaces et intimidations. Ce qui plonge davantage le pays dans le chaos avec des conséquences extrêmement graves sur l’ensemble de la population notamment, la résurgence du choléra », a indiqué Généus dans son esquisse tout aussi sombre que le dernier en date était rose.

« Ces dernières semaines, on assiste à une dégradation considérable de la situation socio-économique du pays. Le terminal pétrolier de Thor à l’entrée Sud de la capitale éprouvait beaucoup de difficultés pour livrer le carburant par les voies habituelles, du fait de l’action des gangs qui contrôlaient le quartier. Le 12 octobre 2022, c’est le terminal pétrolier de Varreux, le plus important du pays, qui est occupé et contrôlé par des gangs armés », a dit le chancelier Généus qui a évoqué les tentatives de forces de l’ordre pour reprendre le contrôle du terminal contrôle par le chef de gang Jimmy Chérizier depuis le 12 septembre 2022.

Les tentatives des forces de l’ordre pour débloquer la route ont échoué et se sont heurtées à des tirs d’armes de gros calibres. Cette situation a causé une pénurie de carburant et a entrainé des conséquences catastrophiques pour le pays. Des hôpitaux ont dû fermer leurs portes ou réduire considérablement leurs activités, l’eau potable ne coule plus dans les robinets, car les stations de pompage sont à l’arrêt faute de carburant, le transport public est réduit. L’approvisionnement de la capitale e et des villes de province en denrées alimentaires devient difficile et risque d’aggraver rapidement la crise humanitaire. 12 000 emplois sont menacés dans la Zone franche de Caracol qui risque de fermer ses portes, incapable de s’approvisionner en carburant », a indiqué Jean Victor Généus qui maintient « la suppression de la subvention publique du carburant a été l’une des causes de la turbulence sociopolitique qui a secoué le pays, se traduisant par des pillages et des agressions ciblées contre des membres du gouvernement et des personnalités politiques qui ont subi des attaques sur leurs biens et leurs personnes » .

« Cette effervescence sociopolitique est également financée par des acteurs économiques menacés dans leurs intérêts immédiats. Ils s’opposent à l’arrêt par le gouvernement de la subvention de 400 millions de dollars sur l’importation des produits pétroliers. Cette mesure a attisé le mécontentement des secteurs mafieux qui ont également profité de la situation pour semer le trouble et bloquer le pays, cherchant par tous les moyens à faire échouer le processus de transition », a-t-il poursuivi, soulignant que « c’est dans cet environnement instable et dangereux que vit la population haïtienne désemparée et qui affronte le terrible quotidien ».

« C’est avec impatience qu’elle attend le retour à la normalité et surtout à la sécurité, le premier des biens. Il devient urgent pour Haïti d’avoir un soutien robuste qui viendrait en aide à la police nationale en vue de juguler la crise humanitaire, en neutralisant les gangs armés pour garantir la libre distribution du carburant et faciliter la reprise des activités », a une nouvelle fois plaidé le ministre des affaires du gouvernement Henry qui a voté le 6 octobre dernier une résolution sollicitant une aide militaire spécialisée de la communauté internationale.

Source/Le Nouvelliste
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