OTTAWA, Canada – L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a repris les expulsions d’Haïtiens vers leur pays d’origine, après avoir annoncé leur suspension, mercredi, en raison de la récente flambée de violence dans ce pays.

Les personnes renvoyées sont des demandeurs d’asile à qui le Canada a dit non et qui sont arrivés en 2017 de façon irrégulière par le chemin Roxham.
À la Chambre des communes, vendredi après-midi, le député bloquiste Gabriel Ste-Marie a demandé au gouvernement libéral de s’engager à suspendre les renvois vers Haïti tant que la situation n’y sera pas sécuritaire, une suggestion que le gouvernement n’a pas entérinée.

Une suspension durable nécessiterait l’intervention du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, de qui relève l’ASFC, ou encore du ministre de l’Immigration, Ahmed Hussen, qui pourrait déclarer Haïti sous moratoire, reconnaissant ainsi l’impossibilité d’y renvoyer qui que ce soit en raison de l’insécurité qui y prévaut.

Stéphane Handfield, avocat en droit de l’immigration, indique qu’Haïti a déjà été sous le coup d’un tel moratoire. « La suspension a été levée en 2014, raconte-t-il. Depuis 2014, on ne semble pas s’être penchés sur la situation qui sévit en Haït, et je pense que là, il est temps de le faire. »
À l’instar du Bloc québécois, Me Handfield demande la suspension immédiate de tous les renvois vers Haïti tant que la situation ne se sera pas stabilisée.

« Le Canada a fait des annonces. Le premier ministre a dit : ”Venez au Canada, on va accueillir ceux qui craignent la persécution, ceux qui fuient la violence”. En Haïti, présentement, c’est un état de violence, et c’est inacceptable qu’on expulse des femmes et des enfants dans un contexte comme ça », plaide-t-il.

L’avocat ne s’explique pas pourquoi Ottawa est revenu sur sa décision, cette semaine, et rappelle que le ministre Goodale avait déclaré il y a quelques mois qu’il voulait expulser 10 000 demandeurs d’asile déboutés par année.

Me Handfield ne conteste pas la décision rendue par le ministère de l’Immigration de renvoyer ces Haïtiens, mais il considère toutefois que cela doit être fait dans un contexte sécuritaire. « On ne peut pas renvoyer des gens dans un pays où on sait que leur vie est menacée », dit-il.

La situation en Haïti
Depuis cet été, les manifestations se multiplient en Haïti pour réclamer que des comptes soient rendus dans le dossier Petrocaribe. Ce programme, instauré par l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, permet à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes d’acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux.

Au moins 2 milliards de dollars des fonds de ce programme auraient été détournés par une douzaine d’anciens ministres du parti actuellement au pouvoir sans qu’ils en soient inquiétés.

Dimanche, pour dénoncer la corruption du pouvoir et réclamer la démission immédiate du chef de l’État, Jovenel Moïse, des manifestations d’une grande violence ont eu lieu, faisant plusieurs morts.

Un appel à la grève générale a suivi, lundi. La grève est toujours en cours et les manifestations se poursuivent au moment de publier ces lignes.

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Source/Radio-Canada
Photo/Archives
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