WASHINGTON, DC – Les États-Unis, dans leur relation avec Haïti, étalent leurs intentions, font des recommandations, décident d’un budget, ont leur propre échéancier.

Cette année encore, c’est le cas.

Il y a des visites de plus en plus nombreuses de responsables pour porter la parole de Washington. Il y a des actions en cours ou en préparation qui sont supportées par les USA. Entre les deux, les parlementaires et l’exécutif édictent des textes de loi qui concernent Haïti.

Merci de lire cet édito si le plan américain 2022 pour Haïti vous intéresse.

Ces derniers jours, le pays a reçu la visite de plusieurs hauts responsables américains. Certains se sont déplacés pour venir sur place, ce fut le cas de l’assistante secrétaire d’Etat Anne A. Witkowsky. Elle a passé plusieurs jours dans le pays et a pu rencontrer plusieurs secteurs, du gouvernement à l’opposition, et des acteurs de la société civile. Elle a pu évaluer avec eux « des meilleures voies pour la sécurité, la stabilité et la prospérité pour Haïti ».

Mme Witkowsky n’était pas partie que le sous-secrétaire adjoint à la Défense, Daniel Erikson, a séjourné en Haïti du 9 au 11 mars pour s’entretenir avec les garde-côtes haïtiens et les officiels en charge des questions relatives à la sécurité et les interventions en cas de désastres.

Le sous-secrétaire d’Etat Erikson était encore sur le territoire national que le premier ministre Ariel Henry, en voyage au Chili, s’entretenait avec le sous-secrétaire d’Etat Brian A. Nichols, le porteur du dossier Haïti au Département d’Etat américain.

Selon ses déclarations sur Twitter, Brian A. Nichols a rencontré le premier ministre Ariel Henry « pour discuter de la sécurité, de la stabilité économique et du fort soutien d’Haïti à l’Ukraine ».

Avant d’ajouter : « J’ai souligné la nécessité pour les Haïtiens de forger un fort consensus sur une voie politique à suivre. Les États-Unis sont fiers de se tenir aux côtés d’Haïti contre l’agression russe ».

Ce 15 mars, c’est sur une rencontre tenue à Washington et qui concernait Haïti que le sous-secrétaire d’Etat Nichols a communiqué : « Heureux de rencontrer mon homologue français Michèle Ramis (directrice des Amériques et des Caraïbes au ministère des Affaires étrangères français), ainsi que Juan S. Gonzalez, assistant spécial du président Biden et directeur pour l’hémisphère occidental au Conseil national de sécurité américain (NSC), pour discuter de notre engagement commun envers le peuple haïtien, de l’agression russe contre l’Ukraine et d’autres défis pour défendre la démocratie et les droits de l’homme dans l’hémisphère », a dit le diplomate américain.

La succession de messages postés sur Twitter par les responsables américains ou par l’ambassade américaine en Haïti ne disent pas tout, ne disent pas grand-chose mais laissent comprendre assez pour permettre de suivre l’intérêt qui est porté au dossier Haïti.

Ces messages sont comme un fil rouge ou des miettes de pain sur un chemin sinueux. Pour dire que le dossier Haïti n’avance pas vite mais il n’est pas jeté dans un coin.

Ce même 15 mars, le président Joe Biden a paraphé le budget des États-Unis. Un chapitre concerne Haïti et il est clairement dit que le pays est sous surveillance. Pour recevoir des fonds américains, Haïti devra rencontrer des exigences en matière de gouvernance, de lutte contre la corruption, de respect des droits humains.

L’intitulé du texte est tout un programme : « loi sur le développement, la responsabilité et la transparence institutionnelle en Haïti ».

Les fonds pour l’assistance à Haïti ne peuvent être mis à la disposition du gouvernement d’Haïti que si le secrétaire d’État certifie et signale aux commissions compétentes du Congrès qu’un nouveau président et un nouveau Parlement sont entrés en fonction après des élections libres et équitables, ou que le pays est dirigé par une autorité gouvernementale transitoire largement représentative de la société haïtienne, peut-on lire dans ce texte.

Selon cette loi, des fonds peuvent être mis à disposition d’Haïti pour soutenir des élections libres et équitables ; pour financer des programmes de la police, de la justice, de la lutte contre les gangs, de réduction de détention prolongée, de la santé publique, de la sécurité alimentaire, d’eau et assainissement, d’éducation et d’autres programmes visant à répondre aux besoins humains fondamentaux, poursuit ce texte qui se fend d’une interdiction.

Aucun des fonds affectés ou autrement mis à disposition par la présente loi ne peut être utilisé pour aider les forces armées d’Haïti, a indiqué cette loi.

Le gouvernement d’Haïti sera éligible à l’achat d’articles et de services de défense en vertu de la loi sur le contrôle des exports pour la garde-côtière. Cette loi met en avant l’importance du dialogue politique entre les différents acteurs de Haïti pour restaurer la légitimité démocratique et les institutions en Haïti, le renforcement de la capacité à long terme du gouvernement haïtien, de la société civile et du secteur privé.

Le texte indique soutenir les efforts de lutte contre la corruption, promeut la liberté de la presse et répond aux préoccupations en matière de droits de l’homme, y compris par l’application des sanctions contre les personnes impliquées dans des violations des droits de l’homme et de la corruption.

Cet éditorial est inspiré d’un texte qui fait l’objet d’un article en première page de cette édition. Le texte et la loi budgétaire américaine dans sa partie qui concerne Haïti méritent une lecture attentive des acteurs politiques haïtiens et de tous ceux qui s’intéressent à l’avenir d’Haïti. Cette loi fait partie d’un corpus plus large, chaque administration qui intervient en Haïti a son plan écrit et il est public. Autant que possible.

Comme d’habitude, les plans américains pour Haïti sont clairement définis. A chacun de faire sa part, de prendre sa part, de se battre pour sa part.

On peut aussi ignorer les plans américains pour Haïti et s’étonner que rien ne marche dans le sens souhaité.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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