WASHINGTON DC – Donald Trump a déclenché jeudi des frappes contre la Syrie en riposte à une attaque chimique présumée imputée au «dictateur Bachar al-Assad», le président américain exhortant les «nations civilisées» à faire cesser le carnage dans ce pays en guerre.

Ces frappes, première opération militaire des États-Unis contre le régime syrien, ont été menées avec «59 missiles» de croisière Tomahawk, a annoncé la Maison-Blanche, précisant qu’elles avaient visé la base aérienne de Shayrat «associée au programme» d’armes chimiques de Damas et «directement liée» aux évènements «horribles» de mardi.

Mardi, un raid imputé à l’armée syrienne contre la localité de Khan Cheikhoun dans le nord-ouest de la Syrie a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants, et provoqué une indignation internationale. Les images de victimes, femmes et enfants agonisants ont choqué le monde.
Dans une adresse solennelle à la télévision depuis sa résidence en Floride, Donald Trump a affirmé que ces opérations étaient «dans l’intérêt vital de la sécurité nationale» des États-Unis.

Le visage grave, le président républicain a affirmé que l’Amérique était «synonyme de justice», appelant les «nations civilisées» à mettre fin au bain de sang en Syrie, ravagée par une guerre qui a fait 320 000 morts depuis mars 2011, jeté des millions de réfugiés sur les routes et provoqué la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.

M. Trump a accusé «le dictateur syrien Bachar al-Assad (d’avoir) lancé une horrible attaque avec des armes chimiques contre des civils innocents en utilisant un agent neurotoxique mortel».

De son côté, la télévision syrienne a qualifié les frappes d’«agression», une source militaire syrienne évoquant des «pertes».
Les frappes américaines ont fait des «victimes», a annoncé à l’AFP le gouverneur de Homs, la province où elle est située.

«Il y a des martyrs, mais nous n’avons pas encore de bilan ni pour les martyrs ni pour les blessés», a affirmé Talal Barazi au téléphone.
La coalition de l’opposition politique syrienne, au contraire, s’en est félicitée.

Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, lui aussi en Floride, a justifié l’intervention militaire lorsque des pays «franchissent la ligne», accusant la Russie, alliée de la Syrie, d’avoir manqué à ses responsabilités. D’après le Pentagone, Washington avait prévenu Moscou.
Le président Trump menaçait depuis mercredi de passer à l’action pour cette attaque «odieuse», un «affront à l’humanité».

En arrivant jeudi en Floride pour recevoir son homologue chinois Xi Jinping, qu’il a personnellement informé, M. Trump avait encore dénoncé une «honte pour l’humanité» et réclamé que «quelque chose se passe».

Mais, juste avant les frappes, la Russie avait mis en garde les États-Unis.

À l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qui débattait depuis deux jours d’une résolution de condamnation de l’attaque, l’ambassadeur russe Vladimir Safronkov avait averti des «conséquences négatives» en cas d’intervention militaire.

À l’été 2013, le prédécesseur de Donald Trump, Barack Obama, avait renoncé à frapper le régime syrien après une attaque aux armes chimiques près de Damas qui avait fait plus de 1400 morts. À l’époque, le magnat de l’immobilier Donald Trump avait exhorté sur Twitter M. Obama à ne pas intervenir en Syrie.

Jeudi, Rex Tillerson a en outre plaidé pour le départ du président Assad.

«Avec les actes qu’il a perpétrés, il semblerait qu’il n’ait aucun rôle pour gouverner le peuple syrien», a tonné le chef de la diplomatie américaine. Jeudi dernier pourtant, lui et l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley avaient semblé s’accommoder du maintien au pouvoir du chef de l’État syrien.

L’ancienne secrétaire d’État démocrate Hillary Clinton, qui avait milité pour une approche plus musclée de l’administration Obama contre Damas, s’est dite favorable aux frappes pour «détruire» les bases aériennes syriennes.

L’intervention a été bien accueillie par nombre d’élus républicains et démocrates, mais beaucoup ont pressé le président de consulter le Congrès et de clarifier sa stratégie.

Perçu comme un isolationniste et hostile à l’interventionnisme de l’Amérique au Moyen-Orient, Donald Trump avait reconnu mercredi que l’attaque chimique avait eu «un énorme impact» sur lui et que son «attitude vis-à-vis de la Syrie et d’Assad avait nettement changé».

L’indignation internationale a pris de l’ampleur après des images d’enfants pris de convulsions sous leur masque à oxygène, de personnes gisant dans les rues et saisies de spasmes, de la mousse sortant de la bouche. Le caractère chimique de l’attaque semblait se préciser, même si les circonstances restent controversées.

La Turquie, où de nombreux blessés ont été évacués, a évoqué une exposition des victimes à un «agent chimique». Des médecins et des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) ont également parlé d’«agents neurotoxiques», en particulier le gaz sarin.

Ce gaz est inodore et invisible. Même s’il n’est pas inhalé, son simple contact avec la peau bloque la transmission de l’influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire.

Le régime syrien a été accusé d’avoir utilisé du gaz sarin le 21 août 2013 dans l’attaque de localités aux mains des rebelles en périphérie de Damas, qui avait fait au moins 1429 morts, dont 426 enfants, selon les États-Unis.

Mais le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a réaffirmé que l’armée de son pays «n’a pas utilisé et n’utilisera jamais» d’armes chimiques contre son peuple, «pas même contre les terroristes», expression du régime pour désigner rebelles et jihadistes.

D’après lui, l’aviation a frappé mardi «un entrepôt de munitions appartenant» à des jihadistes et «contenant des substances chimiques». Une explication déjà avancée par l’armée russe, mais jugée «fantaisiste» par des experts militaires.

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Source/TVA Nouvelles
Photo/Archives
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