BRUXELLES, BELGIQUE – Le Belge Roland van Hauwermeiren, soupçonné d’inconduite sexuelle alors qu’il dirigeait des opérations d’Oxfam au Tchad puis en Haïti, estime que les faits rapportés à son endroit ont été « exagérés ».

« Beaucoup de gens, y compris les médias internationaux, seront embarrassés lorsqu’ils entendront ma version des faits. Non pas que je nie tout. Ce n’est certainement pas le cas. Il y a des choses qui sont décrites correctement. Mais je lis aussi beaucoup de mensonges et d’exagérations », a expliqué Roland van Hauwermeiren au quotidien belge Het Nieuwsblad.

Roland van Hauwermeiren, qui a admis à Oxfam avoir reçu des prostituées dans la villa qui avait été louée pour lui en Haïti, n’a pas souhaité faire plus de commentaires sur l’affaire. Il affirme qu’il fera « bientôt » une communication officielle par l’intermédiaire de son avocat.

Lors du passage de Roland van Hauwermeiren en Haïti comme directeur, des orgies auraient aussi eu lieu dans des appartements transformés en « bordels ».

Oxfam perd d’autres ambassadeurs

Après l’actrice anglaise Minnie Driver, qui a annoncé mardi soir qu’elle ne ferait plus de promotion pour Oxfam en raison des scandales sexuels qui touchent l’organisme, c’est au tour de l’ancien archevêque sud-africain Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, et du chanteur sénégalais Baaba Maal, de renoncer à leurs rôles d’ambassadeur de l’ONG.

Annonçant sa désaffiliation de l’organisation, Desmond Tutu s’est dit dans un communiqué « profondément déçu par les accusations d’immoralité et de possible comportement criminel impliquant des travailleurs humanitaires » d’Oxfam.

Quant à Baaba Maal, il a annoncé qu’il renonçait à être porte-parole de l’organisme mercredi soir à la BBC, dans l’émission BBC Newsnight. « Ce qui s’est passé, sur le plan humain, est répugnant et déchirant.[…] De ce fait, je me dissocie immédiatement d’Oxfam », a-t-il déclaré.

Oxfam pourrait perdre également certains importants collaborateurs et donateurs de fonds. Le géant anglais du commerce de détail Marks and Spencer, la société de carte de crédit Visa et une fondation liée au duc d’Édimbourg – le prince Philip, mari de la reine Élisabeth II – ont notamment annoncé mercredi qu’ils remettaient en question leur collaboration avec Oxfam.

Une culture d’impunité

Oxfam n’est pas au bout de ses peines. Après les soupçons d’inconduite sexuelle en Haïti et au Tchad qui pèsent sur certains de ses travailleurs humanitaires, la directrice de la prévention interne à Oxfam entre 2012 et 2015, Helen Evans, a dénoncé mardi la « culture d’abus sexuels au sein de certains bureaux ». Selon elle, des viols et tentatives de viols ont aussi eu lieu à la délégation du Soudan du Sud.

Quant au rapport interne concernant les faits survenus en Haïti, il évoque une « culture d’impunité » parmi les employés.

Dans le cas de Roland van Hauwermeiren, même soupçonné d’inconduite sexuelle par Oxfam, il avait pu démissionner de son poste plutôt que d’être congédié, en raison de sa collaboration à l’enquête interne menée par l’organisme.
Roland van Hauwermeiren n’en était d’ailleurs pas à ce moment-là à ses premières accusations d’inconduite sexuelle. L’homme avait fait l’objet d’une plainte pour abus sexuel alors qu’il était en poste au Liberia pour l’ONG Merlin en 2004. Il avait alors démissionné de son poste, parce qu’il faisait l’objet d’une enquête. Il était notamment soupçonné d’avoir organisé des orgies.

Il avait néanmoins été embauché par la suite comme directeur d’Oxfam au Tchad et en Haïti.

Puis, après sa démission d’Oxfam, il était devenu directeur de l’ONG Action contre la faim au Bangladesh, entre août 2012 et août 2014. L’ONG française a fait savoir lundi qu’elle n’avait jamais été prévenue à son sujet, mais qu’elle n’avait reçu aucune plainte le concernant.

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Source/Radio-Canada
Photo/Archives
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