MONTRÉAL, Canada – L’ancien premier ministre haïtien Laurent Lamothe demande à un juge d’annuler les sanctions que le Canada lui a imposées pour avoir prétendu qu’il soutenait des gangs qui ont déclenché une crise humanitaire en Haïti.
M. Lamothe a déposé un avis de demande jeudi auprès de la Cour fédérale de Montréal, arguant que les sanctions étaient une décision arbitraire, où il n’a pas eu la chance de donner sa version des faits.
Il demande que son nom soit retiré de la liste des sanctions et que lui soient remis les documents qu’Ottawa a utilisés pour prendre sa décision.
Au cours des derniers mois, le Canada a sanctionné 13 membres de l’élite politique et commerciale d’Haïti, ce qui a gelé tous les avoirs canadiens qu’ils détiennent dans le but d’arrêter le flux d’argent et d’armes vers les organisations criminelles.
Des gangs violents et belliqueux ont pris le contrôle de la capitale de Port-au-Prince, agressant sexuellement des femmes et des enfants tout en limitant l’accès aux soins de santé, à l’électricité et à l’eau potable.
Les libéraux disent que leurs sanctions visent à isoler les dirigeants politiques qui ont créé les conditions du chaos, afin de parvenir à un consensus en Haïti sur la manière dont les gouvernements étrangers peuvent aider.
Le premier ministre non élu d’Haïti a appelé à une intervention militaire internationale pour permettre d’acheminer l’aide humanitaire et pour créer des conditions propices à une élection. Les États-Unis ont avancé que le Canada serait un pays idéal pour diriger une telle force.
Néanmoins, le premier ministre Justin Trudeau a répondu qu’Ottawa ne voulait pas mener une nouvelle intervention ratée en Haïti, après de nombreuses opérations des Nations unies destinées à stabiliser le pays.
La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a fait sanctionner M. Lamothe le 17 novembre, ainsi que deux autres personnes qu’Ottawa a accusées d’avoir utilisé « leur statut d’ancien ou d’actuel titulaire d’une charge publique pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption ».
M. Lamothe a publiquement contesté avoir été sanctionné après avoir appris la nouvelle sur les réseaux sociaux, affirmant qu’il avait oeuvré pour limiter le crime organisé en Haïti pendant son mandat de premier ministre, de la mi-2012 à la fin 2014.
Son avocat argue que « la recommandation de la ministre des Affaires étrangères est par conséquent sans fondement, ni juridique ni factuel ».
Source/Le Devoir
Photo/Archives
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