OTTAWA, Canada – Le Canada sanctionne trois nouveau membres de la classe politique d’Haïti, dont l’ex-président Michel Martelly, en plus d’annoncer une aide de 16,5 millions de dollars pour aider le pays à faire face à une épidémie de choléra et à lutter contre la corruption.

En Tunisie pour le Sommet de la Francophonie, le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé lors d’un point de presse que l’ancien président Michel Martelly, ainsi que les anciens premiers ministres Laurent Lamothe et Jean Henry Céant, seraient sanctionnés pour leur participation au financement des gangs armés qui paralysent le pays des Caraïbes.

Les personnes sanctionnées profitent directement du travail des gangs et sont associées à un système de corruption, a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Les trois hommes politiques ne pourront plus accéder aux comptes et capitaux qu’ils détiennent en sol canadien, le cas échéant.

C’est la deuxième fois en deux jours qu’Ottawa sanctionne des membres de l’élite politique haïtienne. Samedi, Mme Joly a annoncé des sanctions contre un sénateur actif et deux anciens politiciens accusés d’avoir usé de leur charge publique pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption.

Des sanctions similaires avaient été annoncées plus tôt en novembre contre le président du Sénat et l’un de ses prédécesseurs, accusés eux aussi de cultiver des liens avec le crime organisé.

Depuis des mois, des gangs armés bloquent les routes reliant la capitale au reste du pays, restreignant l’accès aux services essentiels comme l’essence, les denrées alimentaires, l’eau et les services de santé.

De l’aide pour lutter contre la corruption et le choléra
Le premier ministre Trudeau a d’ailleurs dévoilé une aide financière de 16,5 millions de dollars pour aider Haïti à combattre l’influence des gangs armés et endiguer la crise sanitaire engendrée par le retour du choléra.

Les deux hommes discutent lors d’une table ronde.

Justin Trudeau a coprésidé une rencontre sur la situation en Haïti avec le ministre des Affaires étrangères et des Cultes d’Haïti, Jean Victor Généus, lors du Sommet de la Francophonie.

La moitié de cette somme, soit 8 millions de dollars, est une aide humanitaire visant à fournir de l’eau, de la nourriture et de l’assistance sanitaire pour lutter contre la maladie, a précisé M. Trudeau.

En début de semaine, les autorités de santé publique haïtienne recensaient 802 cas confirmés de choléra et 161 morts liés à la maladie depuis le mois d’octobre, en plus de 8700 cas suspects. L’OMS estime à 500 000 le nombre de personnes à risque de contracter la maladie.

Dans un communiqué, le bureau du premier ministre précise que l’aide humanitaire permettra d’apporter un appui additionnel :

En plus de cette aide humanitaire, Ottawa contribuera 5 millions de dollars sur trois ans pour renforcer les capacités de l’État haïtien à lutter contre la corruption, ainsi que 3,5 millions de dollars pour bonifier le programme Accès à la justice et lutte contre l’impunité. Piloté par Avocats sans frontières Canada, ce programme vise à renforcer les services juridiques et judiciaires des organisations de la société civile et des acteurs de la justice afin d’aider les victimes de violence sexiste, précise le gouvernement dans son communiqué.

Haïti est classé 164e sur 180 pays selon l’index de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.

Des solutions dirigées par les Haïtiens
S’adressant aux médias, Justin Trudeau a insisté sur le fait que l’aide annoncée avait été élaborée en étroite collaboration avec Haïti et des partenaires régionaux, dont les États-Unis et la Communauté caribéenne, une organisation intergouvernementale regroupant 15 États des Caraïbes.

Ça fait 30 ans que le Canada et d’autres pays s’engagent pour aider Haïti et on se trouve encore une fois dans une situation de catastrophe [humanitaire], a déploré le premier ministre canadien.

Ce dernier a plaidé pour une approche renouvelée, qui place les Haïtiens eux-mêmes au cœur des solutions. Ça ne peut pas juste être une solution qui vient de l’extérieur […] ça doit être ancrée dans la région et dans le pays, a renchéri M. Trudeau.

Le ministre haïtien des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus, qui participait également au point de presse, a affirmé que le Canada et les États-Unis avaient fait leur travail et qu’il incombait désormais au gouvernement d’Haïti et aux institutions haïtiennes de faire le leur.

Source/Radio-Canada
Photo/Archives
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