PARIS, France – Que s’est-il passé en 31 ans? De Février 1986 à Février 2017? De bamboche démocratique au Président a parlé point barre!
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Qu’avez-vous fait de mon pays?
Jean Claude Duvalier à son retour à Haiti en 2011.
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Jean Claude Duvalier a quitté le pouvoir en Février 1986. Qui pouvait imaginer que 31 ans après, notre pays, notre si beau pays serait dans un tel état de délabrement. Qui pourrait le penser? Ni vous, ni eux, ni lui, ni moi!
Bien sûr, que tout n’était pas parfait sous le Gouvernement de JCD. Loin de là. On aurait pu faire encore plus d’écoles, davantage d’universités, d’autres musées et bibliothèques, encore plus de routes, plus d’hôpitaux, de centres de santé et plus de centres d’apprentissage et terrains de sport pour les jeunes. On aurait pu aussi mettre davantage de garde-forestiers pour surveiller nos forêts, on aurait pu mieux encadrer nos paysans, nos agriculteurs en les équipant mieux. On aurait du inciter le secteur privé à construire davantage de beaux hôtels pour recevoir les milliers de touristes du monde entier qui visitaient notre pays en toute sécurité, notre pays, lequel je précise en passant était le plus visité de la Caraibe jusqu’en 1986. On aurait pu………….
Oui! On aurait pu faire beaucoup plus pour notre peuple. Mais…. En avait-on les moyens? Avait-on a l’époque toute cette aide internationale dont ont disposé tous ceux qui nous ont succédé depuis 1986 à aujourd’hui?
Le 7 Février 1986, le monde entier a salué cette belle démocratie que Haiti fêtait finalement après 30 ans de dictature des deux Duvalier. Quelle joie! C’était la fête partout dans le pays, dans la diaspora à travers le monde qui se réjouissait déjà de rentrer chez eux. C’était la liesse populaire! Un Général trop porté sur le rhum déclara une bamboche démocratique qui dura jusqu’à la débâcle démocratique d’aujourd’hui. Enfin débarrassé du tyran! Partout dans les rues de la Capitale, les villes de province, on s’embrassait, se félicitait, c’était une foule en liesse entre deux gorgées de tafia qui s’en prenait et tuait des centaines de membres des Volontaires de la Sécurité Nationale (les macoutes) par le supplice du collier prôné par le défroqué. Triste spectacle pour débuter une toute jeune démocratie. Ces messieurs du Conseil National de Gouvernement qui assurait la transition ont laissé faire et n’ont pas protégé la vie de leurs concitoyens, fussent-ils macoutes ou pas. Des maisons, commerces, Institutions publiques, écoles ou hôpitaux ont été pillés, brûlés et déchouqués. La presse nationale et internationale a applaudi des deux mains ce spectacle du peuple enfin libéré du dictateur. Ça se fête la démocratie! Qu’importe si des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été assassiné depuis 31 ans. Les assassins toujours en liberté, lesquels se sont retrouvé à des postes de haute responsabilité au plus haut sommet de l’Etat, et du Parlement, sont connus de tous et jouissent toujours de leurs privilèges en toute impunité. On peut tuer en toute impunité car on est en démocratie.
Mais ou sont passé ces révolutionnaires de 1986? Ils se sont embourgeoisés? Zombis goûté sel? Ou sont passé ces hommes et femmes qui ont tant combattu les Duvalier? Ils sont devenus si cupides courant après privilèges, avantages et enrichissements illicites, qu’ils ont oublié les idéaux tant combattus sous Duvalier. Ces hommes, oui, ce sont eux qui devraient rendre des comptes à nos jeunes qui s’envolent vers des cieux plus cléments comme le Chili. Ils n’ont pas fait mieux que Jean Claude Duvalier. Ils me font pitié! Ils devraient arrêter de diaboliser les Duvalier de même que les historiens de pacotille.
En Février 1986, l’aide internationale est passé de 60 millions dollars à 250 millions de dollars en Juillet 1986! Le saviez-vous?
Eh oui, Le Gouvernement de JCD aurait pu faire davantage pour notre peuple, pour notre pays s’il avait bénéficié des largesses de la communauté internationale comme c’est le cas depuis 31 ans! Imaginez-vous ce qu’on a pu faire avec le peu de moyens dont on disposait et ce qu’on aurait pu faire avec cette aide et encore plus avec l’aide du Venezuela, le Fonds Petro Caribe ou les Fonds Clinton? On serait même mieux que la République Dominicaine aujourd’hui! Vous êtes étonné? Savez-vous que dans les années 75-86, Haiti se portait mieux que la République Dominicaine? Saviez-vous que l’on avait l’électricité presque partout dans le pays quand Santo Domingo était souvent plongé dans le noir? Saviez-vous que des étudiants dominicains fréquentaient nos universités et nos lycées? Saviez-vous que notre pays recevait davantage de touristes que la République Dominicaine? Saviez-vous que nombreux étaient les dominicains à venir se faire soigner chez nous? Saviez-vous que mon Hopital de Bon Repos recevait en tant qu’Hopital Universitaire, de nombreux internes américains, français et allemands?
Mais après 6 mois à la tête de l’Etat, le Président J. Moise est-Il sur la bonne voie? Le Président communique beaucoup sur la Caravane du Changement et ses bienfaits dans l’Artibonite et le Sud, mais ne communique en rien sur le budget prévu, ni les coûts de la Caravane à ce jour. Et comment pourra-t-on juger du succès de la Caravane si on n’a toujours pas ces éléments pour comparer?
Le sujet de l’armée souléve les passions.
Ne faudrait-Il pas redéfinir le rôle de l’armée dans l’Haïti d’aujourd’hui? Ne faudrait-Il pas d’abord payer les arriérés de pension aux anciens militaires? Aucune précision sur le financement de cette nouvelle armée. Le recrutement a commencé sans même avoir un Haut-Etat Major. Oui, je suis pour rétablir notre armée, mais cela doit être fait dans les règles de l’art.
Il y a moins de 16.000 membres de la PNH pour une population de près de 12 millions. Ne faudrait- Il pas renforcer et augmenter le nombre des policiers. Ne faudrait-Il pas une vraie task-force à la frontière pour contrôler et éradiquer la contrebande qui mine les ressources douanières?
Aussi des fonctionnaires de l’Etat, des professeurs d’écoles, des médecins, des policiers, des employés du Palais National et le Corps Diplomatique ne sont toujours pas payés depuis plus de 5 mois. Je crois qu’il y a un grand malaise et le Président Jovenel Moise devrait aussi communiquer à ce sujet. A-t-Il les moyens de ses ambitions? Il nous a promis la transparence et la tolérance zéro. On attends toujours.
Le Gouvernement ne communique pas non plus sur l’exode de nos jeunes compatriotes vers le Chili, le Brésil ou Taïwan. Comment faire pour garder ces jeunes chez nous?
Sur le salaire minimum, le Gouvernement penche t’il plutôt du côté du Patronat ou du côté des travailleurs? Cette très petite hausse des salaires est-elle suffisante? C’est un dossier très délicat, je dirai même explosif.
Le 7 Février 2017, Jovenel Moïse est devenu le 58eme Président de la République. Le Président de tous les haïtiens et on souhaite tous qu’il réussisse. Le Président en qui se porte notre espérance pour relever Haiti, pour que nous ne soyons plus le pays des espoirs brisés. Le Président des réformes constitutionnelles. Le Président qui, on espère, rétablira et renforcera les Institutions et l’autorité de l’Etat. Comme disait un homme politique français, “une réforme, ce n’est pas la pénitence, mais une espérance”. On ne respecte pas l’autorité de l’Etat en parlant mais en posant des actes. Le peuple haïtien espère qu’il ne sera pas le Président de la démission, du renoncement et de la faiblesse. Car pour apaiser, Il faut rassurer, et pour rassurer, Il faut être fort.
On est en 2017, jamais au grand jamais je n’aurais pensé que tout serait à refaire et à reconstruire dans mon pays après 31 ans. On n’a pas d’eau potable qui coule dans les robinets. La population n’a pas accès à des soins de santé décents. Pas de service d’ambulance ni de pompiers adéquats. Nos enfants fréquentent des écoles “borlettes”. Les bidonvilles pullulent et une grande majorité ne mange pas à sa faim et est au chômage. On n’a toujours pas l’électricité 24/24 et notre jeunesse s’expatrie.
ON EST EN 2017. Qu’avez- vous fait de mon pays?
Michele Bennett Duvalier
Anmwe
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