REYKJAVIK, Islande – Michèle Duvivier Pierre-Louis a été sacrée “Women Political Leaders Trailblazer Award Winner 2020”, pour sa carrière exceptionnelle de femme leader politique le lundi 9 novembre 2020 à l’occasion du “Forum Global 2020 des femmes leaders” qui s’est s’est tenu à Reykjavik, en Islande.

« J’accepte ce prix avec joie et humilité. Avec joie, car cela reflète non seulement mon propre travail et ce que j’ai pu réaliser, mais aussi l’engagement de tous mes collègues en Haïti et à l’étranger qui ont été une source d’inspiration constante. Je partage ce prix avec eux tous ; avec humilité parce qu’en cette période d’incertitude causée par la pandémie, le changement climatique et l’insécurité politique, les femmes leaders du monde entier devraient continuer à défendre les valeurs démocratiques et à prendre des mesures qui résistent à l’autoritarisme », a dit Mme Pierre-Louis en acceptant virtuellement ce prix prestigieux qui est décerné aux actuelles ou anciennes femmes présidentes et Premières ministres pour avoir brisé le plafond de verre politique et atteint le plus haut niveau de leadership politique.

Quoiqu’un peu en retrait depuis son expérience en tant que chef de gouvernement, Mme Pierre-Louis demeure néanmoins très active. «Je continue à m’engager dans les projets que je coordonne depuis mon retour à FOKAL après mon expérience politique : le parc de Martissant, la promotion du patrimoine national, particulièrement du patrimoine architectural en mettant en scène les maisons gingerbread que nous avons restaurées, les projets de développement durable et l’enseignement supérieur. À ce propos, à cause de la pandémie je n’enseigne pas au cours de cette session, ce que je regrette car j’aime beaucoup le contact direct avec les étudiants.es, d’autant que cela me porte à beaucoup lire, ce que je continue de faire avec joie», confie-t-elle avant d’ajouter : «Avez-vous lu le dernier livre sur Toussaint Louverture Black Spartacus de Sudhir Hazareesingh ?, Ou Se défendre d’Elsa Dorlin, La dignité ou la mort de Norman Adjari? Ou encore Haïti après l’esclavage de Jean Alix René? Passionnant! Je les recommande tous.”

Deuxième femme Premier ministre d’Haïti, économiste, professeure des universités, Mme Pierre-Louis est une de ces personnes engagées aux côtés de la paysannerie, des jeunes, des femmes. Outre ses différentes activités sociales, ce « trésor national vivant » a créé la Fondasyon Konesans ak Libète (FOKAL), institution qu’elle dirige et qui est devenue un haut lieu de la culture et du savoir en Haïti.

Pourtant, cette femme leader n’entend donner des leçons à personne. «L’engagement est d’abord une exigence personnelle qui peut s’inscrire dans un collectif qui se construit sur la confiance et un rapport à la vérité, avec lequel on partage des valeurs et des pratiques ancrées dans les droits et les devoirs, et un profond désir d’émancipation. Cependant les espaces de liberté, d’exercice de l’esprit critique, ici en Haïti comme partout dans le monde, doivent être défendus. Il n’y a pas d’acquis qui résistent aux pulsions autoritaires, est-ce bien pour cela que la vigilance citoyenne ne peut se réduire à un simulacre. Elle exige courage et lucidité.»

S’adressant aux femmes haïtiennes en la circonstance, Michèle Duvivier Pierre-Louis avouera : «J’admire autant les militantes féministes que les femmes engagées dans les luttes émancipatrices de la condition paysanne et je suis heureuse de voir émerger de nouvelles voix, en Haïti et dans la diaspora haïtienne. J’espère qu’elles sauront s’inspirer de l’expérience de nos pionnières des années 1920, une histoire singulière dans la Caraïbe, tout en sachant les dépasser afin de faire face aux défis actuels. Je salue tout particulièrement nos artistes, nos écrivaines et nos chercheuses qui, elles aussi, dans leurs champs respectifs, mettent Haïti à l’honneur.»

Notons que d’autres figures mondiales se sont aussi vu descerner ce prestigieux prix cette année. On parle de Joyce Banda, qui fut présidente du Malawi entre 2012 et 2014; Erna Solberg, l’actuelle Première ministre de Norvège; Laura Chinchilla Miranda, qui fut présidente du Costa Rica de 2010 à 2014 ; Saara Kuugongelwa-Amadhila, Première ministre de la Namibie ; Mary Robinson, ancienne présidente d’Irlande (1990-1997). Le Women Political Leaders (WPL) est un réseau mondial de femmes politiques dont la mission est d’accroître à la fois le nombre et l’influence des femmes aux postes de direction politique.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Le Nouvelliste
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