CURITIBA, Brésil – L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a passé sa première nuit en prison, une disgrâce stupéfiante pour un homme qui est passé de rien à la tête de la plus grande nation latino-américaine avant d’être englouti par des accusations de corruption.

Craignant de possibles troubles, l’ancien chef de l’Etat étant encore très populaire auprès de nombreux Brésiliens, la police a tiré des balles en caoutchouc et pulvérisé du gaz lacrymogène dans la soirée du 7 avril sur des supporters qui l’attendaient alors qu’il atterrissait dans un hélicoptère de police dans la ville de Curitiba, au sud du pays, où il purgera sa condamnation à 12 ans pour blanchiment d’argent et corruption.

Quelques heures auparavant, Lula da Silva avait dû faire sortir les gardes d’un syndicat de métallurgistes dans une banlieue de Sao Paulo pour qu’il puisse se rendre à la police, ses sympathisants essayant même de l’empêcher d’entrer en prison. S’adressant à des milliers de sympathisants du syndicat qui fut le berceau spirituel de sa montée en puissance, l’ancien leader a déclaré qu’il se rendrait pour continuer à combattre une condamnation pour corruption qui, selon lui, a constitué un moyen pour ses adversaires de s’assurer qu’il ne se représenterait pas -et ne gagnerait peut-être pas- les prochaines présidentielles d’octobre. Quand il a d’abord tenté de quitter le siège du syndicat des métallurgistes, des dizaines de partisans ont bloqué une porte où une voiture le transportant essayait de sortir.

Lula Da Silva a émergé une seconde fois peu après la tombée de la nuit, cette fois entouré de gardes du corps qui ont repoussé des dizaines de supporters qui tentaient d’arrêter son avance. Ce genre de scènes dramatiques qui se sont succédé tout au long de la journée ont souligné le drame qui s’est emparé d’une nation profondément divisée sur l’héritage de l’ancien président et sur le fait de savoir s’il est vraiment coupable ou non de corruption. Les derniers développements ont commencé lorsque le Tribunal Fédéral Suprême, la plus haute cour du pays, a statué le 5 février sur sa demande de rester libre alors qu’il continuait à faire appel de sa condamnation, délivrant un mandat d’arrêt contre lui, lui donnant jusqu’à 17 heures pour se rendre.

Après de nombreuses péripéties, l’ancien président s’est finalement rendu à la prison où il sera incarcéré. Son emprisonnement marque une chute colossale pour un homme qui est passé de la pauvreté au pouvoir malgré tous les obstacles dans l’un des pays les plus inégalitaires du monde. Au cours de ses deux mandats, plusieurs programmes de protection sociale et une économie en plein essor ont aidé des dizaines de millions de gens à sortir de la pauvreté la plus noire, rendant sa dégringolade profondément personnelle pour de nombreux Brésiliens qui le considéraient comme un symbole d’espoir. Après avoir concouru plusieurs fois à la présidence, il fut finalement élu en 2002. Il a gouverné de 2003 à 2010, devenant une célébrité internationale et quittant ses fonctions avec un taux de popularité de près de 80%. L’ancien président des États-Unis, Barack Obama, l’avait même qualifié de « politicien le plus populaire sur Terre ».

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Source/People Daily
Photo/Archives
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