PARAMARIBO, Suriname – L’information nous est parvenue hier soir, bien qu’elle ait été connue des agences de voyage dès samedi dernier : Surinam Airways a fait savoir que « jusqu’à nouvel ordre, les personnes de nationalité haïtienne ne seraient plus acceptées » sur les vols opérés par la compagnie. Cela « s’applique également aux [haïtiens] détenteurs de cartes touristiques ou de visa » précise le bulletin émis par la compagnie, qui incite les agences de voyages à relayer l’information auprès de leur clientèle.

Cette décision de la compagnie aérienne nationale fait suite à plusieurs autres décisions du même type à l’encontre des personnes originaires d’Haïti. Faisant pourtant partis de la Communauté Caribéenne (CARICOM), les habitants de La Perle des Antilles devraient en théorie pouvoir circuler librement dans les autres Etats membres – Suriname y compris.

Mais suite à des échanges diplomatiques entre la France et le Suriname au sujet de l’afflux massif de demandeurs d’asile (essentiellement haïtiens) en provenance de la rive Ouest du Maroni, l’Etat surinamais a décidé de limiter l’accès aux ressortissants haïtiens, et de faire un peu plus de contrôles au niveau des postes frontières, notamment à l’aéroport Johan Adolf Pengel de Zanderij.

La carte touristique aurait facilité le passage vers la Guyane

Le 26 août dernier, Paramaribo a même décidé d’interdire aux citoyens haïtiens l’accès à la carte touristique, ne leur laissant comme unique choix celui du visa (plus cher et à prendre en amont d’un voyage au Suriname) pour pouvoir poser un pied dans le pays. D’après un rapport de mars 2016, la toeristenkaart aurait surtout facilité la tâche des passeurs et des migrants… sur 6.000 citoyens haïtiens entrés au Suriname, seuls 500 seraient retournés en Haïti.

La décision de fin août doit entrer en vigueur jeudi 15 septembre et concernera toute personne de nationalité haïtienne souhaitant se rendre sur le territoire surinamais. En revanche, hormis le bulletin d’information envoyé aux agences de voyage par la compagnie nationale, aucune autre compagnie desservant Haïti et le Suriname (notamment InselAir, qui relie Port-au-Prince à Paramaribo via Curaçao ou Aruba) n’a pris de mesure discriminatoire à l’égard des haïtiens.

La réglementation aérienne qui régit les vols internationaux (Convention de Montréal, 1999) n’est pas précise sur le sujet, et laisse la compagnie aérienne souveraine dans sa prise de décisions. L’explication pourrait se trouver dans le fait que lorsqu’un pays de destination refoule un passager, c’est à la compagnie aérienne de prendre en charge le vol retour de son client. Un cas qui a de plus en plus souvent été rencontré à Paramaribo depuis la mise à disposition de la carte touristique pour les haïtiens (il était possible de récupérer la carte directement à l’aéroport le jour de son arrivée).

Nous avons tenté de joindre – sans succès – la compagnie pour en savoir un peu plus sur cette décision. Affaire à suivre…

Paradoxe : il y a quelques mois, le PDG de Surinam Airways, Robbi Lachmising évoquait la possibilité de redéployer son Airbus A340-300 (qui assure actuellement la liaison avec Amsterdam) sur d’autres destinations plus rentables, notamment Port-au-Prince…

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Source/Le Kotidien
Photo/Archives
www.anmwe.com

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