MONTRÉAL Qc – Un ex-pasteur de la communauté haïtienne passera les deux prochaines années en prison parce qu’il a préféré abuser de sa fille de 10 ans plutôt que de commettre le péché de l’adultère.
Lara (nom fictif) a vécu des cauchemars éveillés pendant près de cinq ans.
Son père la rejoignait dans sa chambre, la nuit, pour lui faire des attouchements sexuels. Elle avait 10 ans lorsque les agressions ont débuté, en 1982.
34 ans de silence
Lara a gardé le secret pendant 34 ans, jusqu’en 2014, car son père le lui avait demandé. «Ce silence-là me tuait, illustre-t-elle en entrevue avec Le Journal. Enfin, je lui ai redonné le fardeau que j’ai porté presque toute ma vie.»
L’ex-pasteur s’est fait retirer sa licence de prêcheur par son évêque après le dépôt de la plainte policière, a-t-on appris.
Il a reconnu en mars dernier avoir attenté à la pudeur de sa fille et l’avoir agressée sexuellement. Nous tairons son identité afin de protéger celle de sa fille.
S’il a d’abord avoué avoir embrassé la fillette, lui avoir touché les seins et les parties génitales, il a ensuite minimisé ses agressions.
«Les seuls gestes qu’il reconnaît maintenant, c’est d’avoir utilisé les cuisses de sa fille de façon à se soulager à trois reprises dans une période de six à huit semaines», a résumé le juge Robert Sansfaçon le mois dernier, au palais de justice de Montréal.
Il n’a rien compris
Le magistrat a alors condamné l’ex-pasteur à 26 mois de pénitencier, en insistant sur le fait que l’accusé de 71 ans «n’a [toujours] pas compris tout le mal qu’il faisait à sa propre fille, qui vit encore des séquelles aujourd’hui».
Au contraire, l’ex-pasteur de confession protestante pentecôtiste voyait un consentement dans le silence de sa fille.
«J’ai eu un moment de faiblesse, ça arrive tout simplement. J’ai des besoins. Et la chance me souriait. Je me suis senti mal à la première occasion, mais ça s’est répété parce que je n’ai eu aucun refus», a relaté le juge, en citant l’accusé.
Pour l’homme d’Église, qui était marié, il était impensable de commettre le péché de l’adultère. Il refusait aussi de se masturber, sa religion le lui interdisant.
Pardonné en priant
Il s’est donc replié sur sa fille «préférée» pour assouvir ses pulsions.
«Il banalise l’inceste parce qu’il prie, demande pardon, et, selon son mode de pensée, ça efface sa culpabilité», a résumé le magistrat.
Lara affirme avoir vécu beaucoup de pression pour «honorer le secret» de son père, car la religion et l’image de la famille tiennent une grande place dans la communauté haïtienne.
«[Les agressions], c’est quelque chose qu’on balaie trop souvent sous le tapis, avance-t-elle. Maintenant, je me sens libre.»
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Source/Journal de Montreal
Photo/Archives
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