SANTIAGO, Chili – Jackson Marcelin, 28 ans, nèg Kafou, a remporté, le 15 décembre 2019, la catégorie 95 kilos de la toute dernière édition du Campeonato Nacional de Clausura 2019. Pour l’homme à la stature de Schawrzie, sa plus garnde satisfaction c’est de pouvoir contredire le cliché de « muerto de hambre » (mort de faim) dont on affuble la communauté haïtienne dans le pays de Pinochet.

Dans les vidéos qu’il nous a fait parvenir, nous constatons les différentes étapes qu’a traversées Jackson Marcelin pour arriver en première place de la catégorie 95 kilos de la dernière édition du Campeonato Nacional de Clausura 2019. Notre concitoyen de seulement 28 ans est l’une des rares pesronnes au teint ébène dans sa catégorie. Il a fait la compétition à des Argentins, des Chiliens. Il a dû sortir vainqueur d’un groupe de 12 puis de 6, enfin de 3 concurrents. On peut admirer le drapeau haïtien flottant fièrement dans cette arène de la ville de Santiago au-dessus de tous les autres.

Bien avant de partir pour le Chili, notre champion baignait déjà dans l’eau de la culture physique. « M te konn bat fè lè m te Kafou », confie-t-il. Arrivé là-bas, la passion survit, mais quelque chose d’autre va le pousser à embrasser le sport avec plus de fougue : il s’agit des préjugés de la communauté mainstream de Chili à l’encontre des Haïtiens qui y affluent depuis quelque temps. « On nous traite de muerto de hambre (mort de faim). Ils sont persuadés que nous fuyons Haïti à cause d’une grande famine. Je voulais leur prouver qu’un Haïtien peut manger assez bien au point de remporter un concours de bodybuilding », conte celui qui réside là-bas depuis trois ans.

Jackson a consacré 6 mois au total à la préparation de ce concours. Ce n’est pas un jeu d’enfant pour cet homme qui doit jongler avec son travail et défier les baisses de température à Igual, lui qui a vécu longuement dans la chaude commune de Carrefour. « Je voulais gagner, ajoute-t-il, mais il ne fallait pas non plus perdre mon travail. Au Chili tout est à payer : le loyer, la nourriture… De plus je suis là-bas pour m’occuper de ma famille restée en Haïti. »

Cette médaille fièrement acquise atteste de fait du niveau professionnel de l’athlète. Jackson Marcelin est désormais un professionnel agréé du bodybuilding. Il pourra, s’il le souhaite, enseigner la culture physique dans son pays d’accueil. Notre champion, après sa victoire au Chili, met le cap vers le Brésil et l’Espagne pour relever, selon ses mots, d’autres plus grands défis. Mais pour cela, il lui faudra le soutien du pays qu’il représente, à savoir le nôtre, Haïti.

Source/Le Nouvelliste
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