PORT-AU-PRINCE – L’activiste politique, redevenu depuis au moins deux ans journaliste, Volcy Assad, a été refoulé vers Haïti ce vendredi en provenance des États-Unis. Contacté par Le Nouvelliste, l’ancien conseiller du président René Préval a confirmé que son visa a été révoqué par l’immigration américaine.

« J’avais décroché un appel dans une zone interdite à cet effet. J’avais oublié ce principe parce que cela fait plus de deux ans que je n’ai pas voyagé. Cela a attiré l’attention de l’agent douanier qui a protesté. Quand c’était mon tour de passer devant un agent, ce dernier m’a demandé de le suivre. On m’a conduit dans une salle, on a vérifié mes bagages. Deux heures plus tard, j’ai subi une seconde fouille tout en répondant à des questions. On m’a conduit dans une 3e salle pour être questionné par un autre agent. On m’a interrogé sur des manifestations devant les locaux de l’ambassade américaine. J’ai confirmé que j’avais l’habitude de manifester devant l’ambassade mais que n’ai jamais appelé à la violence contre le bâtiment. Ils ont déclaré détenir des vidéos dans lesquelles je tente de pénétrer l’enceinte de l’ambassade. J’ai rétorqué que c’était impossible. On m’a aussi demandé mes relations avec Jean Charles Moïse, Youri Latortue ou encore Nenel Cassy. Pour Jean Charles Moïse, on a certes fondé un parti mais nous entretenons plus aucune affinité politique depuis 2016. Pour Youri Latortue et Nenel Cassy, je suis un journaliste qui peut parler à tous les acteurs politiques. J’ai passé de longues heures d’interrogatoire. Après une dernière conversation, on m’a demandé de signer ma déclaration. On m’a dit que la révocation de mon visa n’était pas préjudiciable et que je pourrais ré-appliquer au consulat à Port-au-Prince si je parviens à prouver que les allégations contre moi sont fausses », a raconté Volcy Assad.

Assad a qualifié de « bizarre » la décision de l’immigration américaine. « Cela arrive dans une période au cours de laquelle je ne fais plus de politique active. Je n’ai fait aucune déclaration politique », a-t-il dit, révélant dans la foulée que ce n’est pas la première fois que quelque chose de ce genre lui arrive.

« Sous la présidence de René Préval, lors des élections de 2010, on avait révoqué mon visa en compagnie d’une dizaine d’autres conseillers au Palais national. C’était une tentative de pression sur René Préval afin de le contraindre à lâcher Jude Célestin, son poulain de l’époque. Après l’élection de Martelly, on nous avait invités à reprendre nos visas, sans aucune explication. A l’époque, je l’avais compris. Mais aujourd’hui, je ne le comprends pas. Je ne fais plus de politique », dit-il.

Volcy Assad ne sait pas encore s’il entend demander un autre visa au consulat américain. « Je suis en train de réfléchir. Je n’ai pas encore pris de décision. C’est quand même un processus fatiguant. C’est pour cela que j’espère qu’un jour on parviendra à changer le pays pour qu’un visa ne soit plus un luxe », a-t-il indiqué.

Source/Le Nouvelliste
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