PORT-AU-PRINCE – Le gouvernement canadien impose de nouvelles sanctions à deux politiciens haïtiens, en collaboration avec les États-Unis.

Le président du Sénat haïtien, Joseph Lambert, et l’un de ses prédécesseurs à ce poste, Youri Latortue, sont visés par ces sanctions, en réponse à la conduite inacceptable de ces politiciens, qui apportent un soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés, selon les agences de renseignement du Canada et des États-Unis.

Les transactions avec ces deux politiciens seront interdites, ce qui aura pour effet de geler tout avoir qu’ils peuvent détenir au Canada comme aux États-Unis, selon le bureau de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

« On est convaincus que ce sont deux personnes clés pour briser le lien entre l’élite politique et les gangs armés. »

— Une citation de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada
Ottawa et Washington tentent de déstabiliser ce qu’ils appellent l’élite politique haïtienne qui, selon eux, soutient et finance les gangs de rue.

Les gangs armés utilisent les politiciens pour augmenter leur influence et les politiciens utilisent les gangs de rue pour s’enrichir. C’est un cercle vicieux de corruption qu’on veut briser, a expliqué la ministre Joly, en entrevue à Radio-Canada.

Mais pour le moment, les gouvernements canadien et américain ne sont pas en mesure de dire si les deux politiciens haïtiens visés par ces sanctions ont des biens ou des avoirs qui pourraient être visés dans ces deux pays.

La plus grande diaspora haïtienne est à Miami et à Montréal, indique une source gouvernementale qui souligne que la possibilité d’un lien économique est importante.

Depuis septembre, des gangs de rue contrôlent l’accès aux denrées essentielles comme l’eau, la nourriture et le pétrole. Plus tôt cette semaine, la police nationale haïtienne a repris en partie le contrôle au terminal portuaire de Varreux, à Port-au-Prince, une infrastructure névralgique pour le pays, notamment à l’aide de véhicules blindés envoyés par le Canada en octobre.

La ministre Joly confie que le Canada travaille de près avec la police haïtienne, on leur offre des ressources, du renseignement, etc., et on va continuer de le faire.

Les Américains souhaitent une implication substantielle du Canada en Haïti et lui demandent d’assumer un rôle de leadership dans une possible force d’intervention internationale pour stabiliser le pays.

Le Canada préconise pour le moment la patience, afin d’évaluer la situation sur le terrain et pour s’assurer qu’une force de stabilisation ne soit pas mal accueillie par la population, si cette dernière la considérait comme de l’ingérence extérieure coloniale dans les affaires haïtiennes.

Une équipe d’évaluation canadienne revient tout juste d’Haïti, où elle a pris connaissance de la situation sécuritaire et humanitaire. Elle a présenté son rapport aux ministres responsables lors d’une rencontre du Groupe d’intervention en cas d’incident, plus tôt cette semaine.

Source/Radio-Camada
Photo/Archives
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