PORT-AU-PRINCE – Avec la Caribbean Food Manufacturing S.A., Haïti produit à Santo du corn flakes pour le marché local et exporte une partie de sa production vers la Jamaïque, Panama et Belize. Cette compagnie haïtienne est sur le point d’exporter également ses corn flakes vers la Floride et le Costa Rica. Coup de projecteur sur la Caribbean Food Manufacturing, l’une des rares entreprises haïtiennes à exporter un produit alimentaire transformé.

A Santo 17, Croix-des-Bouquets, une usine de transformation s’est implantée sur 36 000 pieds carrés, deux ans après le séisme du 12 janvier 2010. Son nom est Caribbean Food Manufacturing. L’usine, fleuron de l’entreprise, est le fruit d’un investissement de plusieurs millions de dollars, consenti par des Haïtiens, avance John M. Batroni, son directeur général. L’entreprise se spécialise dans la préparation de corn flakes, un produit alimentaire dérivé du maïs. La Caribbean Food Manufacturing est bien outillée. Cette usine est dotée d’équipements neufs et ultra modernes pour transformer le maïs.

Caribbean Food Manufacturing comprend tout ce qu’il faut pour produire : des espaces de stockage pour les matières premières à des laboratoires pour tester les corn flakes. Dans cette usine, la préparation des corn flakes, un mets à base de maïs cuit avec du sucre et des vitamines, se fait selon les normes de qualité et de propreté les plus élevées. La CFM recevra sa certification ISO 9001, au plus tard, en septembre prochain. Une première pour une entreprise haïtienne de son secteur. Un cas rare pour tout le pays Avec ses flocons de maïs, Caribbean Food Manufacturing satisfait une grande partie de la demande locale en commercialisant une partie de sa production en Haïti pour des marques privées.

A l’exportation, l’usine produit pour les marques Grâce, Best Value et Healthy Crunch. Ces marques sont destinées exclusivement à l’exportation. « Nous avons fait notre première exportation vers la Jamaïque en mars 2014. Depuis, on a obtenu pas mal de contrats pour des exportations vers d’autres pays, dont Belize, Panama et Etats-Unis (Floride). On avance progressivement et nous sommes fiers d’être une entreprise haïtienne qui exporte un produit alimentaire transformé », a indiqué John M. Batroni, directeur général de Caribbean Food Manufacturing.

L’idée de créer cette entreprise est née après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 dans une perspective d’investir dans un pays meurtri. Les initiateurs avaient choisi d’investir dans la transformation des céréales. Ainsi, ils ont consulté tous les grands importateurs de céréales dans le pays. «Les principaux actionnaires de CFM étaient les plus gros importateurs de céréales. Ils se faisaient entre eux de la compétition. Nous avons pu nous réunir autour de ce projet. C’est un bon exemple », affirme M. Batroni, précisant que l’installation des équipements de l’usine avait commencé en mai 2012.

La production a débuté en mars 2013. Caribbean Food Manufacturing est une usine qui a été montée à 99% par des techniciens haïtiens. Après les réglages du début, elle fonctionne 24 heures sur 24 avec un effectif de 83 employés à plein temps. « Nous arrêtons les moteurs chaque 12 jours pour des travaux de maintenance pendant deux ou trois jours. La production journalière de l’usine est estimée à quatorze tonnes. Caribbean Food Manufacturing exploite la deuxième usine de fabrication de corn flakes installée dans la Caraïbe », avance Batroni, pour souligner le rôle novateur de ce projet.

« L’usine est bien outillée pour préparer d’autres mets outre les flocons de maïs avec les céréales, mais le temps nous fait défaut», a indiqué Philippe Van Reybrouck, responsable des opérations et de la production, lors de la visite sur place d’une équipe du Nouvelliste conduite par le rédacteur en chef Frantz Duval, dans le cadre du lancement de Tour d’Haïti, une série du Nouvelliste sur les success stories haïtiens. Actuellement, les responsables de la Caribbean Food Manufacturing sont en train de développer un nouveau concept. Les responsables de cette entreprise travaillent de concert avec les ministères du Tourisme, de l’Agriculture et de l’Economie pour produire des emballages qui pourraient aider à vendre une meilleure image du pays aux Etats-Unis d’Amérique où ils vont, d’ici la fin du premier semestre 2015, exporter des corn flakes fabriqués spécialement pour une marque en Floride.

« Ce nouveau corn flakes sera présenté dans un emballage avec des images de nos sites touristiques, les effigies de nos ancêtres, le logo du ministère du Tourisme et des informations sur l’histoire de notre pays », explique fièrement Batroni. Sur la cour de l’usine à Santo, des containers attendent de partir vers le port pour être exportés, d’autres sont remplis de sacs de maïs, la principale matière première de cette industrie. « Nous n’utilisons pas encore le maïs haïtien pour en faire du corn flakes. Le maïs haïtien est de bonne qualité comme celui de l’Argentine, mais il faut trouver la meilleure façon d’en faire du corn flakes.

Nous travaillons avec le ministère de l’Agriculture et des entreprises spécialisées pour pouvoir utiliser le maïs haïtien pour préparer les corn flakes qui seront présentés dans les emballages conçus pour vendre l’image du pays à l’étranger», précise Batroni. En attendant, sur chaque container exporté par la Caribbean Food Manufacturing il y a un vrai challenge pour couvrir les frais de transport. L’usine reçoit le support des lignes maritimes, particulièrement de la SeaFreight. L’usine produit sa propre électricité avec une batterie de génératrices. Une difficulté après l’autre, les responsables de la Caribbean Food Manufacturing affrontent pour satisfaire la demande locale et pour exporter leurs produits.

« Les étrangers ont une mauvaise perception d’Haïti. Nous avons fait beaucoup de marketing pour vendre nos produits à cause de l’image négative qu’ils ont du pays. Il y a aussi le problème de la compétitivité générale du pays», révèle M. Batroni, qui reste optimiste quant au potentiel du pays pour sortir du marasme dans lequel il se trouve. Batroni se félicite du fait que les autorités, le ministère du Commerce et de l’Industrie, celui de l’Agriculture comme le ministère de l’Economie et des Finances aient depuis le début compris la démarche qui est de produire localement et d’exporter. En attendant, en plus de produire et d’exporter, la “Caribbean Food Manufacturing” a remporté la plus grande des batailles, celui du goût. Les consommateurs aiment leurs produits et les apprécient en Haïti et à l’étranger.

Source/Le Nouvelliste

Photo/Archives

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