PORT-AU-PRINCE – Michael Estera, l’Haïtien appréhendé dimanche dernier en compagnie de sept étrangers lourdement armés dans les parages de la Banque de la République d’Haïti(BRH) travaillait comme « chauffeur et traducteur » pour le compte la Compagnie Preble-Rish Haïti S.A. Une firme d’avocats exige sa libération immédiate.

Selon EXPERTUS, une firme d’avocats, Michael Estera, l’Haïtien appréhendé dimanche dernier en compagnie des sept étrangers, « s’insurge contre sa garde à vue qui met en avant une justice ayant deux poids et deux mesures alors qu’il n’était qu’un simple chauffeur et traducteur travaillant pour le compte de la Compagnie Preble-Rish Haïti S.

« Ses obligations contractuelles, qu’il remplit depuis plusieurs années, consistaient à conduire et à traduire pour des VIP étrangers anglophones. Sa présence aux côtés des étrangers rentrait dans le cadre de l’exécution de son travail pour le compte de son employeur. Faisant encore foi en la justice haïtienne qui daignera agir avec impartialité, sans discrimination raciale ou de couleur épidermique et sans préjugé se rapportant à sa citoyenneté haïtienne, le citoyen haïtien Michael ESTERA clame haut et fort son innocence pleine et entière et exige, au nom des droits fondamentaux, sa libération immédiate et sa réhabilitation sociale », indique la firme dans une note, portant les signatures des avocats Emmanuel Jeanty, Yvon Pyram et Hans J. Ludwig Joseph.

Après le transfert spectaculaire des sept étrangers aux Etats-Unis puis leur libération pour défaut de charges, plusieurs voix de la société civile haïtienne, des défenseurs de droits humains ou encore des acteurs politiques ont appelé à la libération de l’Haïtien encore gardé à vue à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pour « la poursuite de l’enquête ». Selon Pierre Espérance, responsable du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui dénonce la libération de ces étrangers arrêtés en possession d’armes de guerres, c’est « un dossier classé, il n’y a pas d’enquête ». Il appelle, lui aussi, à la libération de Michael Estera, cet Haïtien déporté des Etats-Unis.

“My boss will call your boss” (mon patron appellera votre patron). C’est la seule phrase prononcée par les étrangers aux autorités policières après leur arrestation en possession d’armes de guerre à bord de deux véhicules au centre-ville de Port-au-Prince. L’un des deux véhicules à bord desquels ils ont été interceptés appartient à Magalie Habitant, ex-directrice du Service métropolitain de collecte des résidus solides (SMCRS). Celle-ci avait ordonné qu’une Ford Ranger soit immatriculée au nom de Jean Fritz Jean-Louis, un autre proche du pouvoir.

Si l’opposition politique a soutenu que ces « mercenaires » étaient au pays pour « assassiner » des manifestants, le Premier ministre, de son côté, les a qualifiés de « terroristes » et estimait que leur mission était de l’assassiner. La thèse du cambriolage de la BRH était aussi avancée.

Après trois nuits passées à la DCPJ, les étrangers ont été embarqués, sans menottes, mercredi, à bord d’un vol commercial de American Air Lines à destination de Miami. A leur arrivée, après un interrogatoire par les autorités américaines, ils ont été libérés faute de charges. L’un d’entre eux a indiqué qu’ils travaillaient pour le compte d’un homme d’affaires proche de la présidence. Le « boss ». Son identité n’est pas (encore) révélée. Mais, il a sans doute appelé pour aider à la libération spectaculaire de ces individus. Une décision critiquée publiquement par beaucoup de secteurs et d’acteurs de la société civile. D’autant plus que l’Haïtien est toujours détenu.

Source/Le Nouvelliste

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