NEW YORK, NY – Le DJ haïtien Michael Brun s’est produit dans les plus grands festivals de musique et ses chansons ont été écoutées en streaming des millions de fois, mais pour lui, cette rapide ascension n’a été que le préambule de sa nouvelle création.

Le jeune homme de 25 ans a délaissé la musique électronique qui a fait son succès pour les sons de son Haïti natale, cherchant à redorer le blason de ce petit pays des Caraïbes qui fait en général la Une à cause de catastrophes.

Son nouveau titre, “Bayo” (Donner, en créole haïtien), offre une mélodie entraînante inspirée du rara, la musique du carnaval haïtien, avec un soupçon de rythmes africains et une dose d’électronique.

Son clip aux couleurs vives se veut une célébration: des enfants y montrent leurs meilleurs pas de danse et trois chanteurs y figurent dont le rappeur Strong G, découvert par Michael Brun lors d’un enregistrement sur l’île de la Gonâve.

Natif de Port-au-Prince et installé à New York, le DJ assimile ses cinq dernières années de création de musique électronique à une formation intensive.

“Je suis arrivé à un stade où je me suis senti à l’aise avec mon niveau en tant que producteur et où je pouvais envisager ce mix de musique haïtienne en ayant une posture respectueuse et solide”, confie le jeune homme à l’AFP, dans un café près de chez lui à Brooklyn.

“Ce n’était pas une expérimentation du genre +tiens, essayons un truc avec ça+. Je voulais vraiment faire ça soigneusement”, a expliqué celui qui a, un temps, a étudié pour devenir pédiatre afin d’aider son pays. Mais il a trouvé qu’il pouvait avoir de l’influence plus rapidement grâce à la musique.

– Négativité –

“J’ai réalisé que si je pouvais faire quelque chose qui pouvait incorporer ma culture de manière importante, ça aurait un effet énorme sur la façon dont les gens se considèrent en Haïti”, a-t-il relevé.

Il espère également générer de l’intérêt pour son île à l’étranger.

Il s’est installé aux Etats-Unis pour intégrer une école militaire de l’Indiana (nord) avant d’aller étudier au Davidson College en Caroline du Nord (sud-est). Il a alors été stupéfait par l’image négative véhiculée par Haïti, récemment qualifié de “pays de merde” par le président américain Donald Trump selon des propos rapportés.

“Ce n’est pas la première fois que j’entends des choses négatives sur mon pays; et ça ne sera pas la dernière”, a remarqué le DJ. “Je trouve que, au moins, ça sert à lancer un appel à l’action”.

En arrivant aux Etats-Unis, “c’était étrange pour moi. Il y avait un décalage parce que je savais toutes ces choses accomplies par Haïti –et tout le travail qu’il restait à faire pour retrouver la stature que le pays mérite– mais en même temps je voyais toute la négativité qui en émanait”, a souligné Michael Brun.

Selon lui, il n’y a pas de raison que la musique d’Haïti ne puisse rivaliser avec les musiques jamaïcaine ou cubaine, ces nations caribéennes au riche mélange culturel.

Et l’influence de Porto Rico a fortement progressé aux Etats-Unis, longtemps hermétiques aux chansons en langue étrangère, avec des tubes comme “Despacito”, ancrés dans la tradition locale du reggaeton.

“Lorsque vous écoutez quelque chose de Colombie, du Bénin, de Cuba ou d’Haïti, ils ne sont pas si différents. L’influence africaine est puissante dans ces chansons”, ajoute Michael Brun.

Le jeune homme, dont le père jouait dans le groupe populaire haïtien Skandal, a épluché des décennies de musique haïtienne, y compris le rara et le kompa –dérivé de la méringue locale– avant d’entreprendre son projet.

Adepte de l’écoute en flux, avec 1,7 million d’auditeurs mensuels sur Spotify, il compte diffuser une nouvelle chanson chaque mois avant de publier une compilation.

Il considère devoir son succès au streaming, qui lui a ouvert les portes des plus grands festivals comme Coachella aux Etats-Unis, et lui a permis de remixer des artistes pop comme Kesha et OneRepublic.

Il a son propre label, Kid Coconut, qui lui donne une liberté artistique dont il estime ne pouvoir bénéficier avec une grande maison de disques.

Ses projets? Créer un spectacle pour accompagner sa dernière création, grâce auquel les fans seraient “transportés immédiatement en Haïti, dans un décor jamais vu”.

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Source/TV5
Photo/Archives
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